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Attentat de Manchester : la justice classe l’enquête sans suite

La justice britannique a classé sans suite la plainte de centaines de survivants de l'attentat de Manchester contre le MI5, malgré un rapport accablant sur les failles du renseignement. Les familles des victimes se disent extrêmement déçues par cette décision qui...

C’est un coup dur pour les centaines de survivants et familles de victimes de l’attentat de la Manchester Arena. Vendredi, la justice britannique a décidé de ne pas donner suite à leur plainte collective contre le service de renseignement intérieur MI5, dont les manquements avaient pourtant été pointés du doigt dans un rapport d’enquête indépendant. Une décision qui suscite une immense déception.

22 morts et des dizaines de blessés

Le 22 mai 2017, un attentat-suicide perpétré par un Britannique d’origine libyenne de 22 ans, Salman Abedi, faisait 22 morts, dont 7 enfants, et une centaine de blessés à la sortie d’un concert de la chanteuse Ariana Grande dans cette salle de Manchester. Une attaque qui avait profondément choqué le Royaume-Uni.

En avril dernier, plus de 250 personnes, représentées par trois cabinets d’avocats, avaient déposé une plainte collective auprès du tribunal chargé de contrôler les services de renseignement (IPT) pour dénoncer les défaillances du MI5 dans cette affaire. Mais ce vendredi 26 mai, deux juges de l’IPT ont décidé de classer cette plainte, estimant qu’elle avait été déposée trop tard.

Un rapport d’enquête accablant pour le MI5

Pourtant, en mars dernier, les conclusions de l’enquête publique indépendante sur cet attentat étaient sans appel. Le rapport final épinglait sévèrement le MI5 pour sa gestion des informations qui auraient pu permettre d’empêcher le drame, notamment sur la radicalisation de Salman Abedi. Des failles reconnues par le patron du renseignement intérieur lui-même, Ken McCallum, qui s’était dit « profondément désolé ».

Nous sommes particulièrement conscients de l’importance des droits en jeu dans cette affaire et des conséquences épouvantables de ces atrocités sur les plaignants et leurs familles.

Rabinder Singh, président de l’IPT

Une décision « extrêmement décevante » pour les familles

Malgré la gravité des faits pointés par l’enquête, les juges de l’IPT ont donc choisi de ne pas permettre à la procédure judiciaire d’aller plus loin, au nom du respect des délais. Une pilule très amère à avaler pour les plaignants et leurs conseils :

Ce jugement n’exonère certainement pas le MI5. Il y a eu des échecs de la part du MI5 et de plusieurs autres parties avant et pendant la soirée du 22 mai 2017, et nous continuons à soutenir nos clients dans leur lutte pour une totale justice.

Communiqué conjoint des cabinets d’avocats des plaignants

Pour les familles des victimes et les survivants, le combat pour la vérité et la reconnaissance des failles des services de l’État dans cet attentat meurtrier est donc loin d’être terminé. Ils examinent actuellement les voies de recours possibles pour tenter d’obtenir malgré tout justice. Mais ce rejet de leur plainte collective par l’IPT constitue indéniablement un revers cinglant dans leur quête de réponses.

Au-delà de Manchester, cette affaire rappelle la difficulté d’établir la responsabilité des services de renseignement dans la prévention d’attaques terroristes, malgré les indices dont ils disposent parfois en amont. Un dilemme récurrent qui soulève des questions complexes sur les moyens et les limites de la lutte antiterroriste dans les démocraties.

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