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Russie : Le Missile Hypersonique Orechnik Testé en Ukraine

La Russie a testé pour la première fois en Ukraine son missile hypersonique Orechnik. Capable d'atteindre 12 350 km/h et de déjouer les défenses, cette arme suscite l'inquiétude. Quelles sont ses caractéristiques ? Quels risques pour la sécurité internationale ?

Le président russe Vladimir Poutine a révélé jeudi le premier usage en condition réelle d’une nouvelle arme dévastatrice : le missile hypersonique Orechnik, dont le nom signifie “Noisetier” en russe. Jusqu’ici tenu secret, ce missile expérimental a été tiré contre une usine d’armement ukrainienne, marquant une escalade dans le conflit qui oppose les deux pays depuis 2014. Mais que sait-on réellement de cette arme high-tech qui suscite l’inquiétude des Occidentaux ?

Une portée de plusieurs milliers de kilomètres

Malgré le flou entourant ses caractéristiques exactes, le missile Orechnik appartient sans nul doute à la catégorie des missiles balistiques à portée intermédiaire. Selon les experts, il serait capable de frapper des cibles situées entre 3000 et 5500 km de sa base de lancement. Une portée considérable qui lui permet de menacer une grande partie de l’Europe ainsi que la côte ouest des États-Unis s’il était tiré depuis l’Extrême-Orient russe.

Ce type de missile faisait l’objet d’un traité de limitation des armements entre la Russie et les États-Unis depuis la fin de la Guerre Froide. Mais en 2019, l’administration Trump a retiré Washington de cet accord, ouvrant la voie à une nouvelle course aux armements dans laquelle s’inscrit le développement de l’Orechnik par Moscou.

Une vitesse vertigineuse de 12 350 km/h

La principale caractéristique de l’Orechnik est d’appartenir à la famille des missiles hypersoniques, capables de voler à des vitesses largement supérieures à Mach 5, soit plus de 6000 km/h. D’après Vladimir Poutine, l’Orechnik peut même atteindre Mach 10, soit environ 12 350 km/h, ce qui le rend quasiment impossible à intercepter par les systèmes de défense actuels.

Dérivé du missile balistique intercontinental RS-26 Roubej, lui-même une évolution du RS-24 Iars, l’Orechnik bénéficie des dernières technologies russes en matière de propulsion et de guidage. Malgré un coût unitaire élevé qui limite sa production en série, il peut emporter une charge militaire conséquente de plusieurs tonnes.

Un redoutable “mirvage” pour saturer les défenses

Autre particularité inquiétante de l’Orechnik : sa capacité à déployer plusieurs têtes indépendantes, une technique appelée “mirvage”. Une vidéo de l’essai ukrainien montre ainsi six flashs lumineux distincts, correspondant vraisemblablement à autant de charges militaires suivant chacune sa propre trajectoire. Ce procédé vise à saturer les défenses antimissiles adverses en multipliant les cibles à intercepter.

De plus, ces têtes seraient dotées de capacités de manœuvre durant leur phase de rentrée atmosphérique, les rendant encore plus difficiles à contrer. Vladimir Poutine s’est d’ailleurs vanté qu’aucun système existant, y compris le bouclier américain en Europe, ne serait en mesure de stopper l’Orechnik.

Un signal fort à l’Occident

Au-delà de la prouesse technologique, l’emploi de ce missile contre l’Ukraine constitue un message politique on ne peut plus clair de la part de la Russie. En exhibant cette arme nouvelle génération, Moscou entend montrer sa détermination à défendre ce qu’elle considère comme ses intérêts vitaux, quitte à franchir certaines lignes rouges.

Ce tir intervient également dans un contexte de tensions accrues entre la Russie et les pays occidentaux qui soutiennent l’Ukraine. Il vise clairement à dissuader l’OTAN de s’impliquer davantage dans ce conflit, en agitant la menace d’une frappe qu’aucun bouclier ne saurait arrêter.

Une arme qui fait débat

Si l’Orechnik marque indéniablement une étape dans la militarisation de l’espace exoatmosphérique et la course aux armements hypersoniques, son impact réel fait débat parmi les experts. Pour certains, il s’agit surtout d’une démonstration de force à des fins de propagande, le gain opérationnel par rapport aux missiles balistiques classiques restant à prouver.

D’autres y voient au contraire une rupture stratégique majeure, rendant largement obsolètes les coûteux boucliers antimissiles et ravivant le spectre d’un conflit dévastateur entre grandes puissances. Une chose est sûre : en dévoilant cette arme dans le ciel ukrainien, Vladimir Poutine joue à nouveau la carte de l’escalade et de l’intimidation face à des Occidentaux pour l’heure assez démunis.

L’utilisation du missile hypersonique Orechnik en Ukraine soulève donc de nombreuses interrogations quant à l’évolution des rapports de force militaires et des équilibres stratégiques mondiaux. Nul doute que cette démonstration de force russe alimentera la réflexion des états-majors et les débats sur la sécurité internationale dans les mois à venir.

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