L’argent ne fait pas le bonheur, dit-on. Pourtant, chez les jeunes générations, il semble bien être un ingrédient essentiel à l’épanouissement professionnel. C’est ce que révèle le dernier baromètre Macif-Fondation Jean Jaurès publié ce vendredi, qui met en lumière les attentes des 18-24 ans vis-à-vis du travail. Principal enseignement : pour 40% d’entre eux, la rémunération arrive en tête des priorités, loin devant la bonne entente avec les collègues.
La “génération pragmatique” a soif de stabilité financière
Si l’on en croit cette enquête, la génération Z, aussi appelée “génération pragmatique”, aspire avant tout à une sécurité financière. Un constat qui tranche avec l’image d’une jeunesse en quête de sens et de relations humaines épanouissantes au travail. Comme l’explique Simon, 22 ans : “Bien gagner ma vie à mon âge, c’est royal. Ça ne fait pas tout, mais ça contribue fortement au bonheur, dire le contraire serait mentir.”
Je crois au projet [de mon entreprise], je suis convaincu qu’il peut peser gros dans trois à quatre ans et me faire gagner de l’argent.
Simon, 22 ans, étudiant en master
Ce jeune homme ne cache pas ses ambitions : devenir actionnaire, investir dans l’immobilier… Autant de leviers pour s’assurer de solides revenus, le plus tôt possible. Une stratégie qui se retrouve chez nombre de ses pairs, pressés de voler de leurs propres ailes.
Crise économique et précarité : les leçons du passé
Cette valorisation du salaire n’est pas anodine. Elle s’enracine dans un contexte économique morose, dont les jeunes ont parfaitement conscience. Nés dans les années 2000, ils ont grandi avec la crise financière de 2008, puis celle du Covid-19, qui ont fragilisé le marché de l’emploi. Une expérience qui les a rendus lucides quant à l’importance de la stabilité financière.
D’après une source proche du milieu étudiant, la précarité est une réelle hantise pour cette génération : “Ils ont vu leurs parents galérer, perdre leur boulot… Alors ils veulent à tout prix éviter de se retrouver dans la même situation. Un bon salaire, c’est une forme d’assurance pour l’avenir.”
L’ambiance au travail reléguée au second plan
Conséquence de cette quête d’un salaire confortable : les critères liés au bien-être, comme les relations avec les collègues, apparaissent secondaires. Seuls 27% des sondés placent la bonne ambiance dans leur top 3 des attentes, contre 40% pour la rémunération. Un changement de paradigme par rapport aux générations précédentes, réputées plus attachées à l’épanouissement relationnel au travail.
Cette tendance interroge sur l’évolution des mentalités chez les jeunes actifs. Faut-il y voir un repli sur la sphère individuelle, au détriment du collectif ? Ou simplement un pragmatisme forcené face à un avenir incertain ? Une chose est sûre : la génération Z bouscule les codes et oblige les entreprises à repenser leurs politiques de rémunération et d’attraction des talents.
Des attentes à prendre en compte pour les employeurs
Face à ces jeunes pour qui l’argent est une priorité assumée, les entreprises doivent s’adapter. Proposer des packages salariaux attractifs devient un impératif pour séduire et fidéliser cette génération exigeante. Mais pas question pour autant de négliger la qualité de vie au travail, qui reste un critère important, même s’il arrive après la rémunération.
Le défi est donc de taille pour les DRH : trouver le bon équilibre entre un salaire compétitif et un environnement de travail stimulant et bienveillant. Un savant dosage qui pourrait bien être la clé de l’engagement et de la performance des jeunes collaborateurs.
En définitive, cette étude met en lumière une réalité complexe : si l’argent ne fait pas tout, il est loin d’être accessoire pour la génération Z. Un constat qui en dit long sur les défis à relever pour bâtir le monde du travail de demain, à la fois épanouissant et rémunérateur. Un sacré challenge pour les entreprises, mais aussi pour la société dans son ensemble.