Dans le paysage médiatique américain en ébullition, un nom s’impose avec fracas : Joe Rogan. Cet ancien comédien reconverti en podcaster est devenu, en quelques années, l’une des voix les plus écoutées et les plus controversées du pays. Son émission « The Joe Rogan Experience », suivie par des millions d’Américains, est aujourd’hui un passage obligé pour les personnalités politiques en quête de popularité. Retour sur le phénomène Rogan, véritable raz-de-marée médiatique qui bouscule les codes.
L’irrésistible ascension d’un trublion des médias
Fils d’un policier de Newark, Joe Rogan a d’abord tenté une carrière dans le stand-up et la comédie, avec un succès mitigé. C’est en lançant son podcast en 2009 qu’il trouve sa voie. Le concept est simple : des discussions à bâtons rompus avec des invités éclectiques, de l’intellectuel au sportif en passant par le politique. Sans filtre, cash, politiquement incorrect. La recette fait mouche auprès d’un public lassé des médias traditionnels.
En quelques années, « The Joe Rogan Experience » s’impose comme le podcast le plus écouté au monde, avec des pointes à 200 millions de téléchargements par mois. Un succès fulgurant qui propulse son animateur sur le devant de la scène. La consécration arrive en 2020, lorsque Spotify débourse 100 millions de dollars pour obtenir l’exclusivité du podcast. Du jamais vu pour un « simple » animateur.
Joe Rogan, héraut de l’Amérique anti-woke
Mais ce qui fait la singularité de Joe Rogan, c’est son positionnement idéologique inclassable. Proche des libertariens, il se revendique de gauche sur les questions de société mais affiche des positions conservatrices sur l’économie ou l’immigration. Surtout, il s’est imposé comme l’une des figures de proue du mouvement anti-woke, cette mouvance qui dénonce les excès de la bien-pensance progressiste.
Ses critiques répétées du « politiquement correct », des « social justice warriors » et de la « cancel culture » lui valent les foudres de la gauche mais la sympathie d’une partie de l’Amérique qui ne se reconnaît plus dans les grands médias, jugés trop à gauche. Pour ses détracteurs, Rogan est au mieux un trublion irresponsable, au pire un dangereux complotiste. Ses soutiens y voient un défenseur de la liberté d’expression, quitte à bousculer les lignes rouges.
L’interview qui a fait trembler la campagne
Le 26 octobre 2024, à quelques jours de l’élection présidentielle, c’est la douche froide pour le camp démocrate. Joe Rogan reçoit Donald Trump, pour une interview fleuve de près de 3 heures. L’ancien et probable futur président s’y montre détendu, blagueur, loin de l’image sulfureuse véhiculée par ses adversaires. L’échange est visionné plus de 50 millions de fois, un record.
Pendant ce temps, la vice-présidente et candidate démocrate Kamala Harris décline poliment l’invitation de Rogan. Une erreur stratégique selon de nombreux observateurs, qui y voient le symbole d’une gauche coupée des préoccupations populaires. “Rogan parle à l’Amérique profonde, celle qui se sent méprisée par les élites démocrates”, analyse un stratège républicain. La suite lui donnera raison…
Un rôle politique encore flou mais déterminant
Si l’influence politique réelle de Joe Rogan reste difficile à mesurer, une chose est sûre : il est devenu un acteur incontournable dans la fabrique de l’opinion. Courtisé par la droite, boycotté par la gauche, il cristallise les tensions d’une Amérique divisée comme jamais. Son soutien, même indirect, sera scruté avec attention lors des prochaines échéances électorales.
Une chose est sûre, le phénomène Rogan est loin d’être un feu de paille. Il incarne les mutations profondes du paysage médiatique, où les lignes bougent entre information, divertissement et engagement. Porte-voix des oubliés, agitateur provocateur ou businessman opportuniste ? L’avenir dira dans quel costume Joe Rogan, l’ancien comique, entrera dans l’Histoire. En attendant, l’Amérique est suspendue à son micro.
