Mercredi dernier, des experts de l’ONU ont alerté sur le fait que l’exécution par inhalation d’azote pouvait constituer une forme de “torture”, estimant qu’elle était “prohibée par le droit international”. Pourtant, cela n’a pas empêché l’Alabama de procéder jeudi à la mise à mort d’un homme de cette manière, une méthode utilisée seulement pour la troisième fois au monde.
L’Alabama a utilisé avec “succès” cette méthode controversée
Selon un communiqué du procureur général de l’Alabama Steve Marshall, l’État a mené à bien l’exécution de Carey Grayson, un homme condamné à la peine capitale pour le meurtre il y a trente ans d’une autostoppeuse, en utilisant “avec succès l’hypoxie (par inhalation) d’azote”.
D’après des membres des médias présents lors de l’exécution, Carey Grayson, 49 ans, a d’abord insulté le directeur de la prison lorsque celui-ci lui a demandé s’il avait des dernières paroles à prononcer. Puis, lorsque le gaz a commencé à se répandre dans le masque placé sur son visage, il a secoué la tête de part et d’autre et haleté pendant plusieurs minutes avant de cesser de bouger.
Le meurtre sordide qui l’a conduit dans le couloir de la mort
En 1996, Carey Grayson a été condamné pour le meurtre barbare deux ans plus tôt de Vickie Deblieux, 37 ans, avec trois complices mineurs à l’époque. Cette femme se rendait en autostop du Tennessee à la maison de sa mère en Louisiane. Son corps avait été retrouvé lardé de coups de couteau et mutilé.
La 22e exécution aux États-Unis depuis le début de l’année
L’exécution de Grayson au pénitencier de Holman est la 22e réalisée aux États-Unis en 2024. Toutes les autres ont été menées par injection létale, à l’exception des deux précédentes en Alabama qui avaient aussi employé l’inhalation d’azote. Une méthode introduite récemment dans cet État du sud, connu pour son usage intensif de la peine capitale.
Pourquoi l’inhalation d’azote est-elle si controversée ?
Des experts de l’ONU ont prévenu que la mort par inhalation d’azote pouvait provoquer une douleur comparable à celle d’un noyé cherchant désespérément à respirer, en vain. Selon eux, cela pourrait constituer un “traitement cruel, inhumain ou dégradant” et même une “torture”, deux notions prohibées par le droit international et les conventions ratifiées par les États-Unis.
La recherche d’une méthode d’exécution “propre” et “indolore” est une entreprise futile et mal dirigée. Il n’existe pas de moyen “correct” pour que les États prennent la vie de prisonniers.
– Experts du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme
Ils appellent les autorités américaines à suspendre les exécutions et à les interdire en toutes circonstances, quelle que soit la méthode employée. Mais l’Alabama, comme d’autres États américains conservateurs, reste sourd à ces appels.
La peine capitale aux États-Unis en 2024
Malgré une tendance à la baisse, la peine de mort reste en vigueur dans 27 États américains. Six d’entre eux (Arizona, Californie, Ohio, Oregon, Pennsylvanie et Tennessee) ont toutefois suspendu les exécutions sur décision du gouverneur.
- 27 États américains pratiquent toujours la peine de mort
- 6 États ont un moratoire sur les exécutions décidé par le gouverneur
- 22 exécutions ont déjà eu lieu aux États-Unis en 2024
- L’Alabama est le seul État à utiliser l’inhalation d’azote
Le débat sur les méthodes d’exécution et sur la peine capitale elle-même reste vif aux États-Unis. Le cas de Grayson illustre la difficulté de trouver un “bon” moyen d’ôter la vie à un condamné. Pour les opposants, il démontre surtout l’inhumanité intrinsèque de la peine de mort.