Un vent de changement souffle sur l’Uruguay. Après 15 ans de gouvernance de gauche, le pays se trouve à la croisée des chemins lors du second tour des élections présidentielles de dimanche. Le candidat de gauche, Yamandu Orsi, espère reconquérir le pouvoir et mettre fin au mandat du président sortant de droite Luis Lacalle Pou. Cependant, malgré ses 43,9% de voix au premier tour, la victoire est loin d’être acquise face au réservoir de voix dont dispose son adversaire.
La Gauche En Quête De Renouveau
Héritier politique de l’ex-président emblématique José “Pepe” Mujica, Yamandu Orsi incarne l’espoir d’un retour aux années fastes de la gauche uruguayenne. Entre 2005 et 2020, celle-ci avait mené d’ambitieuses réformes progressistes qui avaient transformé le pays. Aujourd’hui, M. Orsi affirme avoir toutes les cartes en main pour mener les “transformations dont le pays a besoin”, fort de sa majorité au Parlement obtenue dès le premier tour.
Le Soutien Des Figures Historiques
Dans sa quête de la présidence, Yamandu Orsi peut compter sur le soutien de poids des figures tutélaires de la gauche uruguayenne. José Mujica, connu pour sa frugalité légendaire et ses mesures progressistes adoptées durant son mandat, a apporté tout son poids dans la campagne. Le souvenir de l’autre grand nom de la gauche, Tabaré Vasquez, décédé en 2020 peu après avoir quitté le pouvoir, plane également sur ce scrutin décisif.
La Droite Et Son Réservoir De Voix
Face à la dynamique de la gauche, le candidat de droite Alvaro Delgado mise sur la “majorité silencieuse” qui souhaite la continuité. Mettant en avant le bilan du gouvernement sortant en matière d’infrastructures, de santé, de politiques sociales et de sécurité, il se pose en garant de la stabilité. En outre, M. Delgado dispose d’un atout de taille : le report potentiel des 16% de voix du candidat centriste arrivé troisième au premier tour.
Un Pays Stable Mais Préoccupé Par La Sécurité
Si l’Uruguay reste le pays le plus stable d’Amérique latine, avec des niveaux de pauvreté et d’inégalités bien inférieurs à ses voisins, la sécurité publique est devenue la préoccupation numéro un. Face à la montée de la violence liée au narcotrafic, Alvaro Delgado se pose en homme d’expérience, “préparé” à affronter une nouvelle crise. Un argument qui pourrait faire mouche auprès d’un électorat en quête de sérénité.
Des Pronostics Serrés Pour Un Scrutin Décisif
À l’approche du scrutin, les sondages donnent une légère avance à Yamandu Orsi, crédité de 45 à 47% des intentions de vote. Mais avec 41 à 45% pour Alvaro Delgado et jusqu’à 8% d’indécis, l’issue reste incertaine. Une chose est sûre : dans ce pays où le vote est obligatoire, les Uruguayens ont rendez-vous avec leur destin ce dimanche. Le président sortant a d’ores et déjà promis une transition “ordonnée” quelle que soit l’issue. L’Uruguay, phare démocratique en Amérique latine, retient son souffle.
J’ai en main toutes les conditions pour prendre en charge et mener à bien les transformations dont le pays a besoin.
Yamandu Orsi, candidat de la gauche uruguayenne
Les Enjeux Économiques Et Sociaux
Au-delà de l’alternance politique, ce sont de vrais choix de société qui se jouent dans ces élections. Malgré des indicateurs économiques enviables, avec une croissance du PIB attendue à 3,2% en 2024 selon le FMI, l’Uruguay doit encore relever des défis. Réduire le déficit budgétaire qui s’élevait à 4,4% du PIB en août, mais aussi s’attaquer aux inégalités persistantes malgré les progrès réalisés sous les gouvernements de gauche. Des enjeux cruciaux pour l’avenir du pays et le quotidien de ses 3,4 millions d’habitants.
Alors, quel visage aura l’Uruguay au soir du second tour ? Celui d’une gauche revenue aux affaires, déterminée à reprendre sa marche en avant, ou celui d’une droite confortée, garante de la stabilité ? Réponse dimanche dans les urnes. Une chose est sûre : le monde entier aura les yeux rivés sur Montevideo pour ce scrutin à l’issue incertaine, mais crucial pour l’avenir de ce petit pays qui reste un modèle de démocratie apaisée en Amérique latine. Un exemple dont le continent, souvent secoué par les crises et les bouleversements politiques, aurait bien besoin.