Les rues de La Paz, la capitale administrative de la Bolivie, ont été envahies jeudi par des milliers de manifestants excédés par la crise économique qui étreint le pays depuis plus d’un an. Armés de casseroles vides et de drapeaux nationaux, artisans, commerçants et citoyens ordinaires ont défilé sous une pluie fine pour exiger du gouvernement du président Luis Arce des actions concrètes et immédiates face à la détérioration de leurs conditions de vie.
Une crise économique qui vide les assiettes et les poches
« L’argent ne vaut plus rien. Nous allons au marché mais nos sacs restent vides. Nos casseroles sont vides. Nous n’avons pas de nourriture pour nos enfants », se désole Irma Callizaya, artisane de 62 ans, résumant le désarroi de nombreux manifestants. La flambée des prix et la pénurie de produits de base mettent à rude épreuve le quotidien des Boliviens les plus modestes.
Au cœur de la tourmente : le manque criant de devises, et notamment de dollars, qui paralyse l’économie du pays. Les réserves de change fondent comme neige au soleil, grevées par la chute des exportations de gaz et l’utilisation des dollars par le gouvernement pour subventionner les carburants. « Il n’y a pas de dollars dans notre pays », s’alarme Brigida Flores, fleuriste de 51 ans.
Un ultimatum lancé au gouvernement
Face à l’aggravation de la situation, les manifestants ont lancé un ultimatum au gouvernement, lui donnant 15 jours pour prendre des mesures concrètes visant à juguler la pénurie alimentaire, la pénurie d’essence et de pétrole. Le même délai a été donné au Parlement pour approuver des crédits d’urgence destinés à atténuer l’impact de la crise.
Au cas où (…) elle n’assumerait pas sa responsabilité dans le délai imparti, nous exigerons la fermeture du Parlement.
Jorge Paredes, président des conseils de quartier de La Paz
Tensions politiques et blocages aggravent la crise
La crise économique se double d’une crise politique larvée. L’ancien président Evo Morales et l’actuel chef de l’État Luis Arce, tous deux issus du même parti de gauche, se disputent le leadership et l’investiture pour la présidentielle de 2025. Morales entend se présenter malgré une décision de justice le disqualifiant. Ses partisans ont bloqué les principales routes du pays en octobre et novembre, exacerbant les difficultés économiques.
La Bolivie au bord du gouffre ?
Alors que la colère populaire gronde et que l’horizon politique reste incertain, c’est l’avenir même de la Bolivie qui semble en jeu. Sans une action résolue et concertée du gouvernement et du Parlement pour redresser l’économie et restaurer la confiance, le pays risque de s’enfoncer dans une spirale infernale mêlant pauvreté, instabilité et violence. Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si les dirigeants sauront entendre et répondre au cri d’alarme lancé par des milliers de Boliviens descendus dans la rue.