Alors qu’Israël fait face à de vives critiques internationales suite à sa campagne militaire meurtrière dans la bande de Gaza en octobre 2023, un nouveau front s’ouvre pour le gouvernement de Benjamin Netanyahu. En effet, la Cour pénale internationale (CPI) vient d’émettre des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre du Premier ministre israélien et de son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant. Une décision aussitôt rejetée avec force par les autorités de l’État hébreu.
Netanyahu dénonce une “faillite morale” de la CPI
Dans un message vidéo adressé à ses concitoyens jeudi soir, Benjamin Netanyahu a assuré qu’aucune décision extérieure ne l’empêcherait, lui et son pays, de continuer à se défendre “de quelque manière que ce soit”. Le chef du gouvernement israélien accuse la CPI de partialité et d’avoir émis ces mandats “sur la base d’accusations absolument sans fondement” de crimes contre l’humanité qu’Israël aurait prétendument commis.
C’est une faillite morale qui porte atteinte au droit naturel des démocraties à se défendre elles-mêmes contre le terrorisme meurtrier.
– Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël
Selon lui, Israël “ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas cette décision dénaturée”. Il reproche aux juges de La Haye de ne “rien faire contre les véritables crimes contre l’humanité” commis de par le monde, préférant s’en prendre à l’État hébreu plutôt qu’aux “régimes néfastes” comme l’Iran, la Syrie ou le Yémen.
Des tensions exacerbées depuis l’opération israélienne à Gaza
Les relations déjà tendues entre Israël et la CPI se sont encore dégradées après la campagne militaire menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza début octobre 2023. Une opération lancée en représailles à l’attaque sanglante revendiquée par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, qui avait fait plusieurs dizaines de victimes civiles côté israélien.
Mais la riposte d’Israël, d’une rare violence, a suscité une large réprobation internationale en raison du lourd bilan côté palestinien, avec de nombreux civils tués et une situation humanitaire catastrophique pour les habitants de l’enclave sous blocus. Des ONG et organisations internationales ont accusé l’État hébreu de crimes de guerre et réclamé l’ouverture d’une enquête.
La CPI accusée de “deux poids, deux mesures”
Pour Benjamin Netanyahu, la CPI fait preuve d’un “deux poids, deux mesures” révoltant. Il souligne que la cour n’a rien fait contre les “atrocités” du Hamas le 7 octobre, se contentant d’un mandat d’arrêt symbolique contre le chef de sa branche armée Mohammed Deif, présumé mort selon Israël, ce que le mouvement islamiste n’a jamais confirmé.
Le Premier ministre israélien promet que son pays ne cédera pas à la pression et continuera à se défendre par tous les moyens face au “terrorisme meurtrier”, sans se soucier des décisions “anti-israéliennes scandaleuses” de la communauté internationale. Une position intransigeante qui risque d’isoler encore davantage l’État hébreu et de compliquer les efforts diplomatiques pour apaiser les tensions dans la région.
Le dilemme de la communauté internationale
Face à l’escalade verbale entre Israël et la CPI, la communauté internationale se retrouve face à un dilemme. D’un côté, beaucoup de pays et d’organisations condamnent la violence disproportionnée d’Israël à Gaza et s’inquiètent du sort des civils palestiniens. Ils réclament des comptes à l’État hébreu et soutiennent l’action de la CPI.
Mais de l’autre, peu sont prêts à rompre leurs liens avec un allié stratégique comme Israël et à remettre en cause son “droit à se défendre” face aux attaques. Les États-Unis, soutien indéfectible de l’État hébreu, ont d’ailleurs rejeté la décision de la CPI, estimant qu’elle n’avait pas compétence sur Israël qui n’est pas partie au Statut de Rome fondant la Cour.
Alors que les plaies de Gaza sont encore à vif et que la région reste sur le qui-vive, le bras de fer entre Israël et la CPI constitue un nouveau défi pour les médiations internationales visant à ramener le calme. Mais avec un Benjamin Netanyahu déterminé à ne rien céder, l’espoir d’une désescalade rapide paraît bien mince. Le Moyen-Orient retient son souffle, redoutant un nouveau cycle de violences.