La tempête politique s’abat sur le gouvernement espagnol. De sérieuses accusations de corruption secouent l’exécutif dirigé par le socialiste Pedro Sánchez. En pleine tourmente, le Premier ministre tente de faire front et défend l’intégrité de son équipe. Mais l’opposition de droite n’entend pas en rester là. Elle agite déjà la menace d’une motion de censure pour faire tomber le cabinet Sánchez.
Un ancien ministre de Sánchez mis en cause
Au cœur du scandale, on retrouve un très proche de Pedro Sánchez : José Luis Ábalos. Cet ancien ministre des Transports, qui faisait partie du premier cercle du Premier ministre, est soupçonné d’avoir trempé dans un vaste réseau de corruption. Selon une source judiciaire, l’affaire porterait sur des achats irréguliers de masques et de matériel sanitaire en 2020, en pleine pandémie de Covid-19.
D’après des éléments révélés par la presse espagnole, un homme d’affaires actuellement en détention provisoire aurait affirmé lors de son interrogatoire avoir soudoyé Ábalos et d’autres hauts dirigeants socialistes. Pire, il assure que Pedro Sánchez en personne aurait demandé à le rencontrer. Une photo montrerait même les deux hommes en train d’échanger lors d’un événement.
Sánchez contre-attaque et clame son innocence
Face à ces graves accusations, le Premier ministre espagnol est monté au créneau pour défendre la probité de son équipe. Qualifiant son gouvernement de «propre», il a balayé d’un revers de main les déclarations de l’homme d’affaires incarcéré :
Les déclarations d’un délinquant présumé en détention provisoire méritent la crédibilité qui est la sienne : aucune.
Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol
Confiant, Sánchez assure que les accusations proférées sont “catégoriquement fausses”. Il met au défi ses accusateurs d’apporter des preuves de leurs allégations, se disant «tranquille» face à ce qu’il considère comme de simples «insinuations».
L’opposition en embuscade, prête à dégainer une motion de censure
Mais l’opposition de droite n’entend pas laisser passer l’occasion de fragiliser Pedro Sánchez. Pour le chef du Parti Populaire (PP), Alberto Núñez Feijóo, si le Premier ministre avait «un minimum de décence», il devrait démissionner sans attendre. Conscient cependant de ne pas disposer d’une majorité suffisante au Parlement pour faire adopter une motion de censure, le leader du PP tend la main aux alliés de Sánchez :
J’invite certains des partenaires du Premier ministre à changer de camp et à soutenir le PP pour ouvrir une nouvelle étape.
Alberto Núñez Feijóo, chef du Parti Populaire
Une manœuvre politique osée, mais au succès plus qu’incertain. Les partis nationalistes et indépendantistes régionaux qui soutiennent le gouvernement Sánchez n’ont en effet guère d’intérêt à basculer dans le camp de la droite.
Un exécutif déstabilisé mais pas encore terrassé
Au delà d’Ábalos, le scandale de corruption éclabousse également l’épouse du Premier ministre, Begoña Gómez, elle-même visée par une enquête pour corruption et trafic d’influence. Pedro Sánchez, qui avait justement accédé au pouvoir en 2018 après le renversement par motion de censure de son prédécesseur de droite Mariano Rajoy, cerné par un autre scandale de corruption, voit donc l’histoire se répéter.
Pour autant, sauf coup de théâtre, l’exécutif socialiste devrait réussir à se maintenir. Mais affaibli par ce scandale qui touche son premier cercle, Pedro Sánchez n’en sort pas indemne. Alors qu’approchent plusieurs échéances électorales cruciales, le Premier ministre espagnol va devoir redoubler d’efforts pour convaincre de sa probité et de celle de son équipe. La partie s’annonce serrée.