Dans la foule des 50 000 personnes accréditées à la COP29 au stade de Bakou en Azerbaïdjan, on pourrait facilement ne pas les remarquer. Pourtant, ces sept femmes anonymes venues de Papouasie-Nouvelle-Guinée portent un message fort. Elles sont là pour témoigner de la destruction de leur montagne par l’extraction minière et se battre pour changer les choses.
Un Périple de Deux Jours Pour Faire Entendre Leur Voix
Pour ces militantes environnementales, le voyage jusqu’à Bakou n’a pas été de tout repos. Il leur a fallu 10 heures de route dans une zone dangereuse, puis quatre vols en passant par Port Moresby, Singapour et Dubaï. Mais pour leur cheffe de file, Cressida Kuala, 42 ans et mère de trois enfants, ce périple en valait la peine.
Où que soit la COP, nos idées peuvent influencer les décisions des dirigeants mondiaux
– Cressida Kuala, militante papouasienne
Même si leur Premier ministre a choisi de boycotter la conférence, Cressida estime que leur présence est indispensable pour représenter leur peuple. Avec une voix grave et douce, elle n’hésite pas à partager son histoire personnelle, comme l’agression sexuelle qu’elle a subie lorsqu’elle travaillait dans une mine d’or et contestait ses rejets toxiques.
Un Pays Riche en Ressources Mais Pauvre en Droits Pour Les Femmes
La Papouasie-Nouvelle-Guinée regorge de ressources naturelles comme l’or, le cuivre, le diamant et le gaz. Mais cette richesse se fait au détriment de l’environnement et des populations locales. Cressida dénonce l’avidité et l’égoïsme des compagnies minières qui “ruinent la vie des gens”. Pour elle, la terre appartient au peuple papou et beaucoup meurent en se battant pour la défendre.
Dans son pays, Cressida constate amèrement que “les hommes n’aiment pas les femmes intelligentes”. Le combat pour la terre se double donc d’une lutte pour les droits des femmes. Elle n’hésite pas à évoquer la sanglante guerre de Bougainville (1988-1998), née des protestations contre les dégâts environnementaux d’une gigantesque mine de cuivre.
Une Détermination à Toute Épreuve Malgré Les Obstacles
À Bakou, les défis logistiques sont nombreux pour ces militantes au budget serré. Les hôtels étant hors de prix, elles ont dû dégoter un appartement et négocier le tarif avec le propriétaire. Grâce au soutien de donateurs, elles ont pu financer leur séjour. Le soir, elles cuisinent des plats de leur pays qu’elles apportent à la conférence pour économiser sur des repas bien trop chers.
Mais ces obstacles matériels ne sapent en rien leur détermination. Cressida, qui a découvert les rouages onusiens lors de sa première COP en 2022, a su trouver les financements nécessaires auprès de l’ONU Femmes pour que leur délégation 100% féminine puisse faire le voyage.
Un Message d’Espoir et d’Unité
Malgré les épreuves traversées, ces sept courageuses militantes ne perdent pas leur sourire et leur sens de l’hospitalité. Elles ne tarissent pas d’éloges sur Bakou et ses habitants et suggèrent d’ailleurs que la COP gagnerait à encourager plus d’échanges entre participants et population locale.
Leur présence à la COP29 est un message d’espoir. Elles prouvent que même en étant une minorité, même en venant d’un petit pays méconnu, il est possible de faire entendre sa voix sur la scène internationale. Leur histoire est une leçon de courage, de ténacité et de solidarité dans la lutte pour un monde plus juste et plus durable.
Alors que les négociations climat patinent et que beaucoup cèdent au désespoir, ces “guerrières des terres papous” nous rappellent que chaque combat compte. Elles incarnent l’esprit des communautés autochtones du monde entier qui se battent pour préserver leur mode de vie et leur environnement. Un exemple inspirant dont les dirigeants mondiaux feraient bien de s’imprégner.