« L’Europe n’a que deux petits mois pour se préparer à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. » C’est le cri d’alarme qu’a poussé jeudi Patrick Martin, le président du Medef, lors du 6e Forum économique trilatéral France-Allemagne-Italie. Un événement qui rassemble les organisations patronales des trois pays jusqu’à vendredi.
Selon des sources proches du dossier, l’objectif de cette rencontre est clair : appeler l’Europe à se mobiliser d’urgence pour ne pas se laisser distancer dans la compétition économique mondiale. Et cela passe notamment par un allègement de la bureaucratie européenne, un fardeau de plus en plus lourd pour les entreprises du Vieux continent.
L’Europe doit sortir de sa « passivité »
Face aux incertitudes qui pèsent sur l’avenir des relations transatlantiques, Patrick Martin estime que l’Europe doit impérativement « se départir d’une certaine forme d’angélisme, de passivité, voire de déconnexion vis-à-vis du reste du monde ».
Le patron des patrons français plaide ainsi pour une réconciliation entre « les indispensables objectifs environnementaux et sociétaux » et « les tout aussi indispensables performances économiques ». Un équilibre subtil mais nécessaire pour permettre aux entreprises européennes de rester dans la course.
Un président américain « suspicieux » envers l’UE
Sa plus grande crainte ? L’arrivée imminente à la Maison Blanche d’un président « suspicieux à l’égard de l’Union européenne, sceptique sur l’OTAN, et qui s’est engagé à augmenter les droits de douane de 10 à 20%, au moins, sur tous nos produits ».
Dans ce contexte particulièrement délicat, l’Europe ne dispose que d’un délai extrêmement limité « pour se préparer, s’organiser de façon à transformer en profondeur et rapidement ses politiques économiques », a martelé Patrick Martin. « Passé ce délai, le choc sera rude, alors que nos performances actuelles sont déjà fragiles », a-t-il prévenu.
Comparer les résultats économiques avec les États-Unis
Pour relever ce défi, le président du Medef suggère de « comparer nos résultats économiques à ceux des États-Unis, et à chaque fois que les chiffres européens sont inférieurs, ajuster nos politiques radicalement si nécessaire ».
Parmi les pistes évoquées : un soutien massif à « toutes les énergies décarbonées », en particulier le nucléaire, une simplification drastique voire un report des directives CSRD et CS3D sur le reporting extra-financier des entreprises, ou encore « une véritable union des marchés de capitaux ».
« La CS3D, qui demande aux entreprises un devoir de vigilance étendu à l’ensemble de leur chaîne de valeur, avec à la clé des sanctions allant jusqu’à 5% du chiffre d’affaires mondial, est un véritable drapeau rouge pour nos entreprises et un drapeau blanc de la reddition adressé à nos concurrents. »
– Patrick Martin, président du Medef
Une déclaration commune attendue vendredi
Cette prise de position musclée intervient à la veille de la signature d’une déclaration commune par le Medef et ses homologues allemand et italien, le BDI et la Confindustria. Un texte qui devrait sans nul doute reprendre les principaux points évoqués par Patrick Martin.
Reste à savoir si cet appel sera entendu par les dirigeants européens, à commencer par la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, tous deux présents au forum. Réponse dans les prochains jours, alors que le compte à rebours avant l’investiture de Donald Trump a déjà commencé.