Le monde littéraire est en émoi. Boualem Sansal, éminent écrivain franco-algérien connu pour ses prises de position courageuses contre le pouvoir en place, aurait mystérieusement disparu depuis plusieurs jours en Algérie. Selon des sources proches de l’auteur, il aurait été interpellé par les services de sécurité du régime algérien et risquerait une lourde peine de prison pour ses écrits critiques.
Un intellectuel engagé devenu persona non grata
Boualem Sansal, 73 ans, est l’une des voix les plus puissantes de la littérature algérienne contemporaine. Romancier et essayiste prolixe, il n’a eu de cesse de dénoncer dans ses œuvres les dérives autoritaires du pouvoir, la montée de l’islamisme et l’étouffement des libertés dans son pays natal. Un engagement qui lui a valu d’être persona non grata en Algérie, où ses livres sont interdits.
Malgré les menaces et intimidations, Boualem Sansal a toujours refusé de se taire. Son verbe acéré et son courage ont fait de lui une figure respectée des milieux intellectuels, en Algérie comme à l’international. Il a reçu de nombreux prix littéraires prestigieux, dont le Grand Prix de la francophonie de l’Académie française en 2015.
La disparition inquiétante d’une voix libre
Mais depuis samedi dernier, plus aucune nouvelle de l’écrivain. Selon des informations recueillies par son entourage, Boualem Sansal aurait été arrêté à son domicile d’Alger par des agents des services de sécurité. Embarqué vers une destination inconnue, il serait actuellement entre les mains du tout puissant Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), les anciens services secrets militaires.
Il est tragique et révoltant que dans l'”Algérie Nouvelle” dont se gargarise le pouvoir, un écrivain de la trempe de Boualem Sansal puisse être ainsi muselé, kidnappé, jeté en prison au secret pour avoir eu le courage de regarder la réalité en face et de la nommer.
Kamel Daoud, écrivain et ami de Boualem Sansal
Dans une tribune publiée ce jour, son ami et confrère Kamel Daoud, prix Goncourt 2024, s’alarme de cette disparition qui en dit long sur l’état de la liberté d’expression en Algérie. Il appelle les autorités algériennes à libérer immédiatement Boualem Sansal et à cesser le harcèlement dont il fait l’objet.
L’Algérie, une prison à ciel ouvert pour les voix dissidentes
Le sort de Boualem Sansal est malheureusement loin d’être un cas isolé. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune fin 2019, la répression s’est accentuée contre tous ceux qui osent exprimer une opinion divergente en Algérie. Militants des droits humains, journalistes, artistes, simples citoyens : les prisonniers d’opinion se comptent par centaines dans les geôles du régime.
Malgré les promesses d’ouverture et de réforme, le pouvoir algérien semble plus que jamais décidé à faire taire toute voix critique. La disparition de Boualem Sansal en est le symbole alarmant. Alors que la communauté internationale s’apprête à célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai, c’est une liberté fondamentale qui est ainsi foulée au pied en Algérie.
Un appel à la mobilisation pour Boualem Sansal et la liberté d’expression
Intellectuels, défenseurs des droits humains, simples citoyens épris de liberté : le monde entier doit se mobiliser pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal. Son seul crime est d’avoir usé de sa liberté d’expression et de création, un droit fondamental bafoué chaque jour en Algérie.
La communauté internationale, et notamment la France qui entretient des liens étroits avec son ancienne colonie, doit faire pression sur le régime algérien pour obtenir des garanties sur le sort de l’écrivain. Les voix libres et courageuses comme celle de Boualem Sansal sont le sel de la démocratie : il est vital qu’elles puissent continuer à s’exprimer, envers et contre tous les censeurs.