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Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant visés par des mandats d’arrêt de la CPI

La Cour pénale internationale lâche une bombe dans le conflit israélo-palestinien : elle émet des mandats d'arrêt contre le Premier ministre Benyamin Netanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Cette décision sans précédent marque-t-elle un tournant ou ravivera-t-elle les tensions ?

Un véritable séisme diplomatique vient de frapper le Moyen-Orient. Ce jeudi, la Cour pénale internationale (CPI) a en effet pris une décision inédite et lourde de conséquences : elle a émis des mandats d’arrêt contre deux hauts responsables israéliens, à savoir le Premier ministre Benyamin Netanyahou et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. Tous deux sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Selon le communiqué publié par la CPI,

la Chambre a émis des mandats d’arrêt contre deux individus, M. Benyamin Netanyahou et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu’au 20 mai 2024 au moins, jour où l’accusation a déposé les demandes de mandats d’arrêt

. Des accusations extrêmement graves qui viennent jeter une lumière crue sur la politique menée par Israël dans les Territoires palestiniens.

Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant dans le viseur de la CPI

Pour bien comprendre la portée de cette annonce, il faut rappeler que Benyamin Netanyahou n’est pas n’importe qui. Chef du gouvernement israélien depuis décembre 2022, il a déjà occupé le poste de Premier ministre de 2009 à 2021, soit le plus long mandat de l’histoire du pays. Figure controversée et clivante, “Bibi” est considéré comme un “faucon” qui n’a jamais caché son opposition au processus de paix avec les Palestiniens.

Quant à Yoav Gallant, il était jusqu’à récemment le ministre de la Défense dans le gouvernement Netanyahou. Limogé fin mars pour s’être opposé à la réforme controversée de la justice, cet ancien général est accusé par la CPI d’avoir supervisé les opérations militaires contre les Palestiniens, notamment à Gaza.

Un troisième mandat d’arrêt vise le chef militaire du Hamas

Fait notable, la CPI a également lancé un mandat d’arrêt contre Mohammed Deif, le chef de la branche armée du Hamas, le mouvement islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza. Ce vétéran de la lutte armée est considéré comme l’ennemi public numéro un en Israël. Malgré plusieurs tentatives d’assassinat, il continue de diriger les Brigades Izz al-Din al-Qassam, le bras militaire du Hamas.

Cette simultanéité des mandats d’arrêt contre des responsables des deux camps reflète sans doute une volonté de la CPI d’apparaître équilibrée. Reste que la mise en cause de deux dirigeants du plus haut niveau de l’État israélien constitue une première historique. Jusqu’ici, la Cour s’était surtout focalisée sur des chefs rebelles ou des dictateurs africains.

Israël dénonce une décision “honteuse”, les Palestiniens s’en félicitent

Sans surprise, la réaction officielle israélienne a été virulente. Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a qualifié les mandats d’arrêt de

décision honteuse et anti-israélienne

, ajoutant que son pays

n’est pas membre de la CPI et n’a aucune obligation légale envers elle

. Benyamin Netanyahou, quant à lui, a dénoncé du

pur antisémitisme

.

À l’inverse, côté palestinien, on salue une

victoire pour la justice et l’humanité

selon un communiqué du Hamas. Pour Ramallah, ces mandats d’arrêt représentent un tournant car ils ouvrent la voie à des poursuites effectives contre des dirigeants israéliens.

La CPI sera-t-elle en mesure d’aller jusqu’au bout ?

La question qui se pose maintenant est de savoir si ces mandats d’arrêt pourront effectivement déboucher sur des procès. Plusieurs obstacles se dressent en effet sur le chemin de la justice internationale :

  • Israël, tout comme les États-Unis, ne reconnaît pas la compétence de la CPI. Il est donc peu probable que Netanyahou ou Gallant soient remis à la Cour.
  • Les accords d’Oslo donnent à Israël le contrôle de la sécurité en Cisjordanie. L’Autorité palestinienne n’a donc pas les moyens d’arrêter et d’extrader des responsables israéliens.
  • Aucun pays tiers n’osera prendre le risque d’interpeller un Premier ministre israélien en exercice, au risque de s’attirer les foudres de l’État hébreu et de son allié américain.

Pour autant, il serait erroné de minimiser l’impact de la décision de la CPI. D’un point de vue symbolique, il s’agit d’un camouflet cinglant pour Israël, habitué à bénéficier d’une certaine impunité sur la scène internationale. D’un point de vue juridique, cela ouvre la voie à d’éventuelles poursuites futures.

Un nouveau facteur de tensions au Proche-Orient ?

Enfin et surtout, ces mandats d’arrêt risquent de raviver les tensions dans une région déjà à fleur de peau. Confronté à une colère sociale inédite et à une coalition fragile, Benyamin Netanyahou sera tenté de jouer la carte nationaliste et sécuritaire pour resserrer les rangs.

Il pourrait ainsi être amené à durcir sa politique à l’égard des Palestiniens, comme il l’a déjà fait ces derniers mois, avec la multiplication des raids militaires et la promotion de la colonisation. Une telle escalade aurait un prix : celui d’enterrer un peu plus le processus de paix moribond et d’attiser la poudrière proche-orientale.

Plus que jamais, la communauté internationale, et en particulier l’Europe, a un rôle à jouer pour éviter l’embrasement. En soutenant le droit international et les efforts de la CPI, en appelant à la retenue toutes les parties, en relançant une dynamique politique crédible. Faute de quoi, la région pourrait basculer dans une spirale dangereuse dont personne ne sortira gagnant.

Quant à Yoav Gallant, il était jusqu’à récemment le ministre de la Défense dans le gouvernement Netanyahou. Limogé fin mars pour s’être opposé à la réforme controversée de la justice, cet ancien général est accusé par la CPI d’avoir supervisé les opérations militaires contre les Palestiniens, notamment à Gaza.

Un troisième mandat d’arrêt vise le chef militaire du Hamas

Fait notable, la CPI a également lancé un mandat d’arrêt contre Mohammed Deif, le chef de la branche armée du Hamas, le mouvement islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza. Ce vétéran de la lutte armée est considéré comme l’ennemi public numéro un en Israël. Malgré plusieurs tentatives d’assassinat, il continue de diriger les Brigades Izz al-Din al-Qassam, le bras militaire du Hamas.

Cette simultanéité des mandats d’arrêt contre des responsables des deux camps reflète sans doute une volonté de la CPI d’apparaître équilibrée. Reste que la mise en cause de deux dirigeants du plus haut niveau de l’État israélien constitue une première historique. Jusqu’ici, la Cour s’était surtout focalisée sur des chefs rebelles ou des dictateurs africains.

Israël dénonce une décision “honteuse”, les Palestiniens s’en félicitent

Sans surprise, la réaction officielle israélienne a été virulente. Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a qualifié les mandats d’arrêt de

décision honteuse et anti-israélienne

, ajoutant que son pays

n’est pas membre de la CPI et n’a aucune obligation légale envers elle

. Benyamin Netanyahou, quant à lui, a dénoncé du

pur antisémitisme

.

À l’inverse, côté palestinien, on salue une

victoire pour la justice et l’humanité

selon un communiqué du Hamas. Pour Ramallah, ces mandats d’arrêt représentent un tournant car ils ouvrent la voie à des poursuites effectives contre des dirigeants israéliens.

La CPI sera-t-elle en mesure d’aller jusqu’au bout ?

La question qui se pose maintenant est de savoir si ces mandats d’arrêt pourront effectivement déboucher sur des procès. Plusieurs obstacles se dressent en effet sur le chemin de la justice internationale :

  • Israël, tout comme les États-Unis, ne reconnaît pas la compétence de la CPI. Il est donc peu probable que Netanyahou ou Gallant soient remis à la Cour.
  • Les accords d’Oslo donnent à Israël le contrôle de la sécurité en Cisjordanie. L’Autorité palestinienne n’a donc pas les moyens d’arrêter et d’extrader des responsables israéliens.
  • Aucun pays tiers n’osera prendre le risque d’interpeller un Premier ministre israélien en exercice, au risque de s’attirer les foudres de l’État hébreu et de son allié américain.

Pour autant, il serait erroné de minimiser l’impact de la décision de la CPI. D’un point de vue symbolique, il s’agit d’un camouflet cinglant pour Israël, habitué à bénéficier d’une certaine impunité sur la scène internationale. D’un point de vue juridique, cela ouvre la voie à d’éventuelles poursuites futures.

Un nouveau facteur de tensions au Proche-Orient ?

Enfin et surtout, ces mandats d’arrêt risquent de raviver les tensions dans une région déjà à fleur de peau. Confronté à une colère sociale inédite et à une coalition fragile, Benyamin Netanyahou sera tenté de jouer la carte nationaliste et sécuritaire pour resserrer les rangs.

Il pourrait ainsi être amené à durcir sa politique à l’égard des Palestiniens, comme il l’a déjà fait ces derniers mois, avec la multiplication des raids militaires et la promotion de la colonisation. Une telle escalade aurait un prix : celui d’enterrer un peu plus le processus de paix moribond et d’attiser la poudrière proche-orientale.

Plus que jamais, la communauté internationale, et en particulier l’Europe, a un rôle à jouer pour éviter l’embrasement. En soutenant le droit international et les efforts de la CPI, en appelant à la retenue toutes les parties, en relançant une dynamique politique crédible. Faute de quoi, la région pourrait basculer dans une spirale dangereuse dont personne ne sortira gagnant.

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