Un drame s’est produit mardi matin sur le chantier d’un barrage hydroélectrique stratégique à Kandadji, dans l’ouest du Niger. Selon un bulletin des opérations de l’armée nigérienne publié mercredi, une dizaine de criminels à motos ont attaqué les travailleurs civils sur le site, faisant trois morts et trois blessés graves parmi les employés d’une entreprise locale de BTP.
Un projet crucial pour le développement régional
Le barrage de Kandadji, situé sur le fleuve Niger à environ 200 km au nord-ouest de la capitale Niamey, est un chantier d’envergure qui vise à doter le pays d’une centrale de 130 mégawatts d’ici 2025. Cette infrastructure permettra de produire annuellement 629 GWh et ainsi d’affranchir le Niger de sa dépendance énergétique vis-à-vis du Nigeria voisin. Au-delà de l’électrification, le barrage doit également contribuer au développement agricole et à la sécurité alimentaire dans la région de Tillabéri.
Une zone sous la menace jihadiste
Malheureusement, ce projet vital est aussi devenu une cible de choix pour les groupes terroristes qui sévissent dans la zone depuis des années. La région de Tillabéri est en effet le théâtre de fréquentes attaques meurtrières perpétrées par des jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Fin septembre 2023, sept soldats en mission de sécurisation sur ce même chantier avaient déjà été tués lors d’un assaut de grande ampleur mené par plusieurs centaines de terroristes, selon le ministère nigérien de la Défense.
Une riposte rapide des forces armées
Face à cette nouvelle attaque, les forces de défense et de sécurité nigériennes, déjà positionnées dans la zone, sont intervenues promptement après avoir été alertées par les coups de feu. Elles ont sécurisé le site et porté assistance aux victimes, avant de lancer une opération aéro-terrestre d’envergure pour traquer les assaillants. Ces derniers ont été localisés en territoire malien voisin, à Watagouna, où une frappe aérienne a permis de détruire leurs motos et d’en éliminer dix, toujours selon l’armée.
Un lourd tribut humain et matériel
Si cette contre-attaque a été menée avec succès, elle n’efface pas le lourd tribut payé par les travailleurs locaux. L’entreprise Morey, qui les employait, a confirmé dans un communiqué la mort de trois de ses agents, dénonçant un acte “lâche et barbare”. D’après des témoins oculaires cités par l’armée, les terroristes ont surgi brusquement sur le chantier et ouvert le feu sans discrimination sur les ouvriers, faisant également d’importants dégâts matériels.
La sécurisation du chantier, un défi majeur
Au vu de l’importance stratégique du barrage de Kandadji, tant pour l’économie que pour la sécurité de la région, sa protection apparaît comme un enjeu crucial pour les autorités nigériennes. Mais dans un contexte de menace jihadiste diffuse et persistante, la sécurisation de ce chantier isolé s’avère particulièrement ardue, comme l’illustrent les deux attaques meurtrières survenues en l’espace de quelques mois. Un défi sécuritaire de taille qui accompagnera ce projet vital jusqu’à son inauguration prévue en 2025.