Selon des sources proches de l’armée ukrainienne, le conflit russo-ukrainien aurait franchi un nouveau seuil ce jeudi matin. En effet, entre 5h et 7h, la Russie aurait lancé pour la première fois un missile balistique intercontinental armé d’une charge conventionnelle sur le territoire ukrainien, plus précisément sur la ville de Dnipro. Une frappe inédite qui marquerait une escalade significative dans cette guerre qui dure maintenant depuis plus d’un an.
Une utilisation sans précédent sur le champ de bataille
Les missiles balistiques intercontinentaux, ou ICBM, sont généralement conçus pour transporter des têtes nucléaires sur de très longues distances. Développés durant la Guerre Froide dans le cadre de la course à l’armement et de la dissuasion nucléaire, ces engins n’avaient jusqu’à présent jamais été employés au combat avec une charge conventionnelle, que ce soit par la Russie ou un autre pays en disposant.
Déployés à partir de silos ou de plateformes mobiles terrestres, les ICBM peuvent atteindre des portées de plus de 5500 km et des vitesses hypersoniques supérieures à Mach 20. Dans le cas présent, le missile aurait été tiré depuis la région d’Astrakhan à moins de 1000 km de sa cible ukrainienne, une distance relativement courte au regard des capacités de ce type d’armement.
Un avertissement plus qu’une réelle nécessité militaire ?
Si cette frappe venait à être confirmée, il s’agirait avant tout d’un avertissement de la part de Moscou selon plusieurs experts militaires. L’utilisation d’un missile intercontinental, arme clé de la dissuasion nucléaire russe, avec une charge conventionnelle serait ainsi plus symbolique qu’tactiquement indispensable sur le champ de bataille ukrainien.
C’est davantage un avertissement qu’autre chose. Cela permettrait aux Russes de souligner à la fois leur détermination et leur crédibilité.
Une source militaire française
Le message envoyé serait donc triple : sur le plan opérationnel en démontrant la capacité des forces russes à frapper n’importe où en Ukraine, sur le plan technique en prouvant la maîtrise des technologies de missiles les plus avancées, et sur le plan politique en réaffirmant la volonté du Kremlin d’aller jusqu’au bout.
Une réponse à la livraison de missiles occidentaux à l’Ukraine ?
Cette escalade russe pourrait être une réponse aux récentes livraisons de missiles occidentaux de longue portée à l’Ukraine, notamment les ATACMS américains et les Storm Shadow britanniques. Kiev réclamait depuis longtemps ces armements pour pouvoir frapper en profondeur le territoire russe, une ligne rouge pour Moscou qui avait menacé de riposter.
La Russie a ainsi multiplié les avertissements ces derniers jours, y compris sur le plan nucléaire, accusant les Occidentaux de vouloir une escalade du conflit. Selon sa nouvelle doctrine officielle sur l’arme atomique, la Russie y aurait désormais recours même en cas d’attaque conventionnelle “massive” par un pays non-nucléaire soutenu par une puissance nucléaire, en référence claire à l’Ukraine et aux États-Unis.
Une frappe aux dégâts limités mais au message fort
D’après les premières informations, l’impact du missile à Dnipro n’aurait fait que 2 blessés malgré des dégâts matériels. Cela tendrait à confirmer la dimension avant tout politique et symbolique de cette frappe. Le modèle exact d’ICBM utilisé n’a pas été précisé mais il pourrait s’agir selon des sources d’un RS-26 Rubezh, un missile russe testé pour la première fois en 2011.
Alors que la guerre en Ukraine entre dans une nouvelle phase d’intensification, cette frappe pourrait marquer un tournant. En employant une de ses armes les plus puissantes hors du cadre nucléaire, Moscou démontre sa détermination à ne reculer devant rien. Reste à voir comment Kiev et ses alliés occidentaux réagiront à ce nouveau palier franchi dans l’escalade militaire.
