L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel offre un aperçu fascinant de sa relation avec l’ex-président américain Donald Trump dans ses mémoires très attendus, intitulés “Freiheit” (“Liberté”). Des extraits publiés jeudi révèlent un portrait saisissant de Trump, dépeint comme un leader “fasciné” par les dirigeants à tendance autoritaire et agissant “sur un mode émotionnel”.
Une première rencontre révélatrice
Angela Merkel revient notamment sur sa première entrevue avec Trump au printemps 2017, peu après son investiture à la Maison Blanche. Une rencontre qui ne lui laissera “pas un bon pressentiment”, confie-t-elle. Dès leur face-à-face dans le Bureau ovale, le nouveau président américain l’interroge sur ses origines est-allemandes et ses relations avec Vladimir Poutine, un sujet qui semblait le “fasciner”.
Malgré les murmures de Merkel suggérant de renouveler la poignée de main devant les photographes, Trump ignore ostensiblement cette requête. Un premier indice de la nature conflictuelle de leur future relation.
Critiques “habituelles” et émotions
Lors de cet entretien, Trump réitère ses critiques “habituelles” envers l’Allemagne :
- L’accueil des réfugiés en 2015-2016 qui aurait “ruiné” le pays
- Des dépenses militaires jugées insuffisantes
- Des pratiques commerciales qualifiées de déloyales
- L’omniprésence des voitures allemandes à New York, une “épine dans le pied”
Face à ces attaques, Merkel tente de répondre en s’appuyant sur des faits. Mais elle se heurte à un président évoluant “sur un mode émotionnel”, transformant ses arguments en “nouvelles critiques”. “Résoudre les problèmes ne semblait pas être son objectif”, observe-t-elle avec lucidité.
En quittant Washington, la chancelière conclut qu’une “coopération pour un monde interconnecté ne serait pas possible avec Trump”, convaincu que sa réussite dépendait “de l’échec des autres”.
Climat et “fascination” pour les autocrates
En juin 2017, Trump annonce à Merkel le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. “Cette décision fut un coup dur”, admet-elle, elle qui s’efforçait de faire du climat un sujet central du G20.
Au fil des années, l’ex-chancelière dit avoir eu “l’impression que les dirigeants aux tendances autocratiques et dictatoriales exerçaient une certaine fascination” sur Donald Trump. Une attirance troublante qui n’a fait que compliquer leurs relations diplomatiques.
Révélations et réflexions
Dans “Liberté”, Angela Merkel partage ses réflexions sur sa carrière politique, ses principes et sa vision des défis rencontrés durant son long mandat. Un témoignage précieux pour mieux comprendre les coulisses du pouvoir et les enjeux géopolitiques de notre époque.
Son analyse de Donald Trump, ce président si singulier, offre un éclairage inédit sur une relation transatlantique tumultueuse. Entre fascination pour l’autoritarisme et mode émotionnel, le portrait dressé par Merkel soulève de profondes interrogations sur le leadership américain de ces dernières années.
Des révélations qui ne manqueront pas de susciter le débat et d’alimenter les réflexions sur le rôle des dirigeants dans un monde de plus en plus complexe et interconnecté. Les mémoires d’Angela Merkel, “Freiheit”, paraîtront le 26 novembre prochain dans une trentaine de pays.