Dans un rebondissement spectaculaire, le gouvernement américain vient de porter un coup dur à Google en demandant à la justice de forcer le démantèlement partiel du géant technologique. Cette requête sans précédent pourrait bien sonner le glas de l’hégémonie de la firme de Mountain View sur le marché de la recherche en ligne et des smartphones.
Une sanction historique en vue pour Google
Mercredi dernier, le ministère américain de la Justice a officiellement réclamé devant les tribunaux que Google soit contraint de se séparer de son célèbre navigateur internet Chrome ainsi que de son système d’exploitation mobile Android. L’objectif affiché est clair : mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles qui ont permis à l’entreprise d’asseoir sa domination écrasante.
Si cette demande venait à être acceptée par la justice, elle marquerait un tournant majeur dans la régulation des géants de la tech outre-Atlantique. Depuis l’échec retentissant de la tentative de démantèlement de Microsoft il y a 20 ans, les GAFAM avaient en effet joui d’une relative tranquillité de la part des autorités antitrust américaines.
Des accords d’exclusivité dans le viseur
Au cœur des griefs formulés par le ministère de la Justice, on trouve les fameux accords d’exclusivité signés par Google avec les constructeurs de smartphones. Ces deals controversés imposent l’installation par défaut du moteur de recherche Google sur les appareils Android, verrouillant de fait le marché.
Mais le gouvernement va encore plus loin en exigeant carrément que le géant californien cède son joyau Android s’il ne parvient pas à mettre un terme à ces pratiques jugées déloyales. Une menace que Google a qualifiée de « radicale », tout en promettant de faire appel du jugement le condamnant pour monopole illégal rendu l’été dernier.
Les sommes astronomiques des accords Google dévoilées
Lors du procès fleuve de 10 semaines contre Google, le voile a été levé sur les montants faramineux versés par le groupe pour s’arroger une place de choix sur les appareils des géants Apple et Samsung. Des révélations embarrassantes qui n’ont fait que renforcer la détermination des autorités à agir.
Selon le site StatCounter, Google pesait en septembre 90% du marché mondial de la recherche en ligne et même 94% sur les smartphones.
Des chiffres vertigineux qui illustrent l’ampleur du défi auquel font face les régulateurs pour rétablir une concurrence saine et loyale dans ce secteur ultra-stratégique de l’économie numérique.
Une bataille juridique à multiples facettes
Mais le combat antitrust contre Google ne se limite pas à cette seule procédure. Le mastodonte de la Silicon Valley doit faire face à une véritable offensive judiciaire tous azimuts, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, pour des violations présumées du droit de la concurrence.
Parmi les autres fronts ouverts, on peut citer la décision fracassante d’un juge californien en octobre dernier. Celui-ci a en effet ordonné à Google d’ouvrir son magasin d’applications Android, le Google Play Store, à des boutiques concurrentes. Une victoire majeure pour l’éditeur de Fortnite Epic Games, à l’origine de la plainte.
L’inconnue Trump
Si la pression monte indubitablement sur Google, une grande incertitude demeure cependant quant à l’issue de ces procédures. Avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier, c’est une nouvelle équipe qui prendra les rênes des autorités de la concurrence.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le milliardaire républicain a envoyé des signaux contradictoires sur sa volonté de réguler la toute-puissance des géants de la tech. S’il a nommé un pourfendeur affiché des GAFAM à la tête du régulateur télécom, il a dans le même temps laissé entendre qu’un démantèlement serait excessif.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : la bataille homérique qui s’annonce entre Google et le gouvernement promet de faire date. Elle pourrait durablement redessiner les équilibres au sein de l’économie numérique mondiale, avec des répercussions majeures pour des milliards d’utilisateurs. Un feuilleton à suivre de très près dans les mois à venir…