Le monde de la finance vient d’être ébranlé par l’un des plus gros scandales de ces dernières années. Bill Hwang, l’ancien patron du fonds spéculatif Archegos Capital Management, a été condamné mercredi à 18 ans de prison par un tribunal fédéral de Manhattan. Une sentence qui fait suite à l’implosion spectaculaire de son fonds en mars 2021, dont les répercussions ont été ressenties dans les plus grandes places boursières.
Les dessous d’une fraude massive
Tout commence pendant la pandémie de Covid-19. En quelques mois, Bill Hwang accumule via son fonds Archegos des positions gigantesques sur les marchés, essentiellement à l’aide de produits dérivés complexes appelés « swaps ». Son objectif : faire monter artificiellement le cours de quelques entreprises ciblées.
Et le stratagème fonctionne un temps. Archegos parvient par exemple à presque quadrupler la valorisation de ViacomCBS (devenu depuis Paramount Global) en seulement quatre mois. Sauf que dans le même temps, Bill Hwang et ses équipes dissimulent l’ampleur de leurs positions aux banques qui leur vendent ces fameux « swaps » et leur prêtent de l’argent.
A son apogée en mars 2021, Archegos était exposé à hauteur de 160 milliards de dollars sur les marchés grâce à l’effet de levier des produits dérivés.
L’effet domino dévastateur
Mais ce château de cartes finit par s’effondrer brutalement lorsque ViacomCBS annonce une augmentation de capital en mars 2021. S’ensuit un mouvement de panique sur le titre qui fait fondre la trésorerie d’Archegos et plonger le cours des actions dans lesquelles le fonds a investi massivement.
En quelques jours, c’est environ 100 milliards de dollars de capitalisation boursière qui partent en fumée, au détriment des autres actionnaires de ces sociétés mais aussi et surtout des banques qui avaient fait affaire avec Archegos et se retrouvent avec des pertes colossales :
- Credit Suisse, la plus exposée, perd environ 5,5 milliards de dollars
- Au total, la facture pour les banques avoisine les 10 milliards de dollars
Un coup dur notamment pour Credit Suisse, qui frôlera la faillite en mars 2023 avant d’être repris in extremis par UBS. Mais d’autres grands noms de la finance comme Nomura, Morgan Stanley ou encore Goldman Sachs sont aussi touchés.
Bill Hwang reconnu coupable de fraude
Après son procès début juillet, Bill Hwang a été reconnu coupable de fraude et de manipulation de marché par un jury populaire. Son bras droit, Patrick Halligan, a lui aussi été déclaré coupable de plusieurs chefs d’accusation.
Si Bill Hwang risquait théoriquement jusqu’à 200 ans de réclusion, le juge a finalement tranché pour une peine de 18 ans de prison ferme. Une condamnation sévère qui vient sanctionner l’un des plus gros scandales financiers de l’histoire récente de Wall Street.
Les leçons du scandale Archegos
Au-delà du cas emblématique d’Archegos et Bill Hwang, cette affaire met en lumière les dérives qui persistent dans le monde opaque de la finance. Malgré les régulations mises en place après la crise de 2008, certains acteurs parviennent encore à prendre des risques démesurés en exploitant les failles du système.
Elle souligne aussi la nécessité pour les banques de renforcer leurs contrôles et leur gestion des risques afin d’éviter de se retrouver exposées à ce genre de situations. Car in fine, ce sont souvent les épargnants et les contribuables qui paient le prix fort de ces excès.
Enfin, la chute d’Archegos rappelle la fragilité des marchés financiers et la rapidité avec laquelle des mouvements spéculatifs de grande ampleur peuvent déstabiliser tout le système. Un constat qui appelle à une vigilance accrue de la part des régulateurs pour prévenir de futures secousses.
