Le gouvernement canadien est une nouvelle fois secoué par un scandale alors que le ministre de l’Emploi Randy Boissonnault a dû démissionner mercredi. Il lui est reproché d’avoir faussement prétendu avoir des origines autochtones, une polémique embarrassante pour le Premier ministre Justin Trudeau qui a fait des relations avec les Premiers Peuples une priorité de son mandat.
Un revirement inattendu
Alors que M. Trudeau avait dans un premier temps défendu son ministre face aux attaques de l’opposition, il a finalement annoncé son retrait du gouvernement “avec effet immédiat”. Une décision justifiée par la volonté de M. Boissonnault de se “concentrer sur la dissipation des allégations portées contre lui”, selon un communiqué lapidaire du bureau du Premier ministre.
Les révélations du National Post sont à l’origine de l’affaire. Le journal a rapporté que l’entreprise Global Health Imports, copropriété du ministre, avait répondu en 2020 à un appel d’offres public en se faisant passer pour une société autochtone. Or, M. Boissonnault avait déclaré à plusieurs reprises par le passé que son arrière-grand-mère était une “femme crie pure souche”. Des propos qu’il a dû nuancer en s’excusant d’avoir “créé la confusion” sur son lignage, sans pour autant convaincre ses détracteurs.
Des enjeux sensibles pour les libéraux
Au Canada, l’appartenance à une communauté autochtone permet d’accéder à certaines aides spécifiques. Le gouvernement Trudeau s’est aussi fixé pour objectif d’attribuer au moins 5% de la valeur des marchés publics à des entreprises issues des Premières Nations. Des politiques volontaristes mises à mal par ce scandale qui ébranle un peu plus des libéraux en difficulté.
Justin Trudeau a fait de la réconciliation avec les peuples autochtones une priorité. Cette affaire est un nouveau coup dur pour son gouvernement.
Une source proche du dossier
L’opposition creuse l’écart
Au pouvoir depuis 9 ans, le Parti libéral canadien accumule les revers ces derniers mois. Lâché récemment par son allié de gauche au Parlement, il accuse désormais près de 20 points de retard sur les conservateurs dans les intentions de vote. Une dynamique inquiétante à moins de deux ans des prochaines élections fédérales. Selon des observateurs, ce nouveau scandale risque de renforcer la défiance envers Justin Trudeau et son équipe.
Remplacé temporairement par la ministre du Tourisme, Randy Boissonnault devra s’expliquer plus en détail s’il souhaite retrouver une place au sein du gouvernement. Ses excuses et sa mise en retrait ne suffiront peut-être pas à apaiser la controverse dans ce dossier très sensible pour les Canadiens. Le parcours politique de cet élu de l’Alberta pourrait bien connaître un sérieux coup d’arrêt avec cette affaire qui fragilise encore un peu plus Justin Trudeau et les libéraux.