Une nouvelle dissension semble voir le jour au sein du gouvernement Barnier. Alors que le projet de loi de finances 2025 fait actuellement l’objet de discussions, le niveau d’augmentation des charges pour les entreprises crée des remous entre les différentes composantes de la majorité.
Armand s’oppose à Barnier sur la hausse des charges
Dans une interview accordée au Parisien, le ministre de l’Économie Antoine Armand a clairement affiché son opposition au premier ministre Michel Barnier sur la question de la fiscalité des entreprises. Alors qu’une hausse de 4 milliards d’euros des charges était initialement envisagée par le gouvernement pour réduire le déficit public, elle a finalement été ramenée à 2 milliards face à la fronde des députés Renaissance, l’ancien parti présidentiel.
Malgré une réunion organisée entre le président du groupe Renaissance à l’Assemblée Gabriel Attal et Michel Barnier, aucun accord n’a pu être trouvé sur ce point. Antoine Armand a donc choisi de rendre public ce désaccord, mettant en lumière les difficultés de la coalition au pouvoir.
Attention à l’impôt de trop !
Antoine Armand, Ministre de l’Économie
La macronie campe sur ses positions
Le ministre de l’Économie assume pleinement son appartenance à l’ancienne majorité macroniste et défend sa vision libérale de l’économie. Il estime que “les entreprises ne doivent pas être la variable d’ajustement” et rappelle le credo de sa famille politique :
Ce n’est pas en matraquant les entreprises et en augmentant le coût du travail qu’on crée de l’emploi et de la croissance.
Antoine Armand
Pour Antoine Armand, il faut au contraire préserver au maximum les allègements de cotisations dont bénéficient aujourd’hui les entreprises. Un point de vue que ne semble pas partager Michel Barnier, issu de la droite traditionnelle.
Le gouvernement sommé de faire des économies
Face à l’impasse sur la hausse des charges, le ministre de l’Économie exhorte le gouvernement à aller plus loin dans les économies budgétaires. Il liste ainsi une série de pistes comme :
- Le durcissement des conditions d’assurance-chômage
- L’ouverture d’un débat sur le temps de travail
- Une réforme du transport sanitaire en taxi
- Un effort sur le train de vie de l’État
Des propositions qui risquent de faire grincer des dents certains membres de la coalition, mais qu’Antoine Armand juge indispensables pour éviter une augmentation de la pression fiscale.
Les députés Renaissance montent au créneau
Sans surprise, la prise de position d’Antoine Armand a été saluée par les députés de son camp. Le président du groupe Renaissance Gabriel Attal a jugé ses propos “justes et responsables” sur les réseaux sociaux. Il a rappelé l’attachement de son groupe à la compétitivité des entreprises :
Nous continuons de défendre la compétitivité de notre économie au service de l’emploi. Des chemins alternatifs à la hausse des charges existent.
Gabriel Attal, Président du groupe Renaissance à l’Assemblée
Le député a également remercié le premier ministre pour son “écoute”, tout en soulignant que le travail devait se poursuivre. Un message qui sonne comme un avertissement à l’égard de Michel Barnier.
Vers une nouvelle crise politique ?
Cette passe d’armes sur la fiscalité des entreprises illustre la fragilité de la coalition hétéroclite sur laquelle repose le gouvernement Barnier. Entre une aile libérale incarnée par Antoine Armand et une sensibilité de droite plus traditionnelle portée par le premier ministre, les points de tensions ne manquent pas.
Si cette controverse sur les charges devait se poursuivre, elle pourrait dégénérer en véritable crise politique, menaçant la cohésion et la survie même de l’alliance au pouvoir. Michel Barnier va donc devoir redoubler d’efforts et de diplomatie pour maintenir l’unité de sa majorité, tout en tenant ses engagements en matière de redressement des comptes publics.
Une équation complexe à résoudre, qui va mettre à l’épreuve les qualités de négociateur de l’ancien commissaire européen. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir du gouvernement et de ses grandes réformes économiques et sociales.