Dans le monde des affaires, les successions au sommet des grandes entreprises familiales suscitent toujours un vif intérêt. L’annonce récente du changement de direction chez Peugeot Invest, le holding coté de la célèbre famille automobile française, ne fait pas exception. Robert Peugeot, figure emblématique du groupe, passe le témoin à son fils Édouard, 40 ans, benjamin de la fratrie. Une page se tourne, ouvrant un nouveau chapitre pour cette dynastie industrielle vieille de plus de deux siècles.
Un passage de relais mûrement réfléchi
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette transition générationnelle n’était pas écrite d’avance. « C’est l’aboutissement d’un processus de deux ans conduit avec le soutien d’un grand cabinet de chasseurs de têtes », précise Robert Peugeot. Le patriarche souhaitait que le jeu soit ouvert, laissant la possibilité à un profil extérieur de prendre les rênes si les critères de compétence et de motivation n’étaient pas réunis en interne.
Mais au final, c’est bien Édouard Peugeot qui a été choisi par le conseil d’administration pour succéder à son père. Une décision qui s’appuie sur ses solides atouts : un parcours professionnel réussi en dehors du groupe familial et une immersion de longue date dans l’univers Peugeot.
Un parcours diversifié, un attachement à l’entreprise
Édouard Peugeot a en effet multiplié les expériences avant de rejoindre l’entreprise familiale. Diplômé de SciencesPo Paris et d’HEC, il a travaillé comme analyste financier chez Rothschild & Cie avant de rejoindre le fonds d’investissement Alven Capital. Des postes qui lui ont permis de développer une solide expertise financière et une vision stratégique.
En parallèle, le jeune homme n’a jamais été très loin de l’aventure Peugeot. « J’ai baigné depuis toujours dans cet univers industriel passionnant », confie-t-il. Une proximité qui s’est accentuée ces dernières années avec son entrée au conseil de surveillance de PSA en 2014, puis de Peugeot Invest en 2017.
Les défis qui attendent le nouveau président
Pour Édouard Peugeot, les enjeux sont de taille. Il hérite d’un portefeuille d’actifs diversifié, fruit de la stratégie d’ouverture initiée par son père pour réduire la dépendance au secteur automobile. Aujourd’hui, Peugeot Invest est présent dans l’immobilier, la distribution spécialisée, les services ou encore la gestion d’actifs. Un virage qui a porté ses fruits, avec une valeur des actifs qui a plus que doublé en dix ans pour atteindre 5,4 milliards d’euros.
La mission d’Édouard Peugeot sera de poursuivre sur cette voie, en identifiant de nouvelles opportunités de croissance tout en gérant le cœur industriel historique. L’avenir de Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler, sera évidemment un dossier clé, alors que le marché automobile est en pleine mutation avec l’essor de l’électrique et les défis environnementaux.
« C’est à eux qu’il revient de définir une stratégie d’investissement claire pour les années à venir »
— souligne Robert Peugeot en évoquant la nouvelle équipe dirigeante
Une gouvernance renouvelée
Au-delà d’Édouard Peugeot, c’est toute une nouvelle génération qui arrive aux commandes. Le conseil d’administration accueille deux nouveaux membres de la famille : Armand, frère aîné d’Édouard, et Laurence, leur cousine. Signe d’une volonté d’impliquer plus largement la nouvelle garde.
La gouvernance a également été repensée pour gagner en agilité et en efficacité, avec la suppression du conseil de surveillance au profit d’un conseil d’administration resserré. De quoi fluidifier la prise de décision et s’adapter à un environnement économique en constante évolution.
Des fondamentaux solides pour voir plus loin
S’il est encore tôt pour juger l’action d’Édouard Peugeot, les observateurs soulignent plusieurs atouts. Le premier est l’assise financière solide du groupe, avec une trésorerie confortable et un endettement limité. De quoi voir venir et saisir les opportunités le moment venu, sans précipitation.
L’autre force est l’ancrage familial et la vision de long terme qui en découle. Chez les Peugeot, on raisonne en décennies plus qu’en trimestres. Une approche qui a fait ses preuves depuis 1810, permettant au groupe de traverser les crises et les révolutions technologiques.
Édouard Peugeot aura donc la lourde tâche de perpétuer cet héritage, tout en imprimant sa marque et en projetant Peugeot Invest dans l’avenir. Un défi stimulant pour cet amoureux d’art contemporain, de voile et de course automobile. Nul doute qu’il saura imprimer son style, sans renier les fondamentaux qui ont fait le succès de cette dynastie d’entrepreneurs hors norme.
