Alors que le Mali traverse déjà une période très troublée, un nouveau rebondissement vient secouer le pays : la junte militaire au pouvoir a annoncé mercredi le limogeage du premier ministre civil Choguel Kokalla Maïga et l’ensemble de son gouvernement, aggravant l’incertitude politique. Cette décision brutale intervient seulement quelques jours après que M. Maïga ait exprimé publiquement des critiques envers les militaires, un acte visiblement mal perçu par les putschistes.
Mali : Un Pays en Proie à une Crise Multidimensionnelle
Pour comprendre les enjeux de ce brusque changement à la tête de l’État malien, il faut revenir sur le contexte particulièrement complexe dans lequel est plongé le pays depuis plusieurs années. Le Mali est confronté à une crise profonde qui revêt plusieurs dimensions :
- Une menace djihadiste persistante, en particulier dans le nord et le centre du pays
- Une instabilité politique chronique, avec deux coups d’État militaires en l’espace d’un an
- Des tensions intercommunautaires et des violences ethniques récurrentes
- Une situation économique et sociale très dégradée
Face à ces défis majeurs, la population malienne aspire à un retour à l’ordre constitutionnel et à une amélioration de ses conditions de vie. Mais les derniers événements montrent que le chemin vers la stabilité est encore long et semé d’embûches.
Choguel Kokalla Maïga, un Premier Ministre Critiqué
Choguel Kokalla Maïga avait été nommé premier ministre en juin 2021 par les militaires, à la suite de leur second putsch en neuf mois. Mais ses relations avec la junte se sont progressivement dégradées. D’après une source proche du pouvoir, il était perçu comme ayant « une capacité d’action limitée vis-à-vis des militaires ».
Le limogeage de M. Maïga fait suite à une prise de parole publique samedi dernier, dans laquelle il a ouvertement déploré d’être tenu à l’écart des décisions concernant la durée de la transition politique supposée ramener les civils au pouvoir. Il a évoqué « le spectre de la confusion et de l’amalgame » qui selon lui planerait sur la période actuelle.
Il est mis fin aux fonctions du premier ministre et des membres du gouvernement
extrait du décret lu à la télévision d’État
Une Transition Politique qui s’Éternise
La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta avait initialement promis, sous la pression internationale, de rendre le pouvoir à des civils élus en février 2022, au terme d’une période de transition de 18 mois. Mais ce calendrier n’a pas été respecté et aucune nouvelle échéance n’a été fixée jusqu’à présent.
Ce énième revirement suscite l’inquiétude des Maliens et de la communauté internationale quant à la volonté réelle des militaires de restituer le pouvoir aux civils. Beaucoup craignent que la transition ne s’éternise et que le Mali ne s’enfonce davantage dans la crise.
L’Avenir Incertain du Mali
Le limogeage brutal du gouvernement de transition laisse le Mali face à un avenir plus qu’incertain. Plusieurs questions se posent :
- Qui va remplacer Choguel Kokalla Maïga au poste de premier ministre et réussira-t-il à s’imposer face aux militaires ?
- La junte va-t-elle enfin clarifier son calendrier de transition et s’y tenir ?
- Comment gérer efficacement les multiples crises auxquelles le pays est confronté ?
- Le Mali parviendra-t-il à renouer avec la stabilité politique et la paix sociale ?
Seul l’avenir nous dira si le Mali, malgré les turbulences actuelles, saura trouver le chemin de la stabilité et de la prospérité. Mais une chose est sûre : la population malienne, durement éprouvée par des années de crise, est en droit d’attendre de ses dirigeants, civils comme militaires, des actes forts et une vision claire pour l’avenir du pays.
Le chaos politique qui règne actuellement au sommet de l’État ne fait qu’aggraver les souffrances des Maliens ordinaires. Il est plus que temps que toutes les forces vives de la nation se rassemblent autour d’un projet commun pour sortir le Mali de l’ornière et lui offrir des perspectives plus radieuses. L’enjeu est de taille, mais le défi mérite d’être relevé, pour le bien de tous les Maliens.
