À quelques mois de l’élection présidentielle bélarusse prévue en janvier 2025, le président Alexandre Loukachenko vient d’accorder sa grâce à 32 personnes détenues pour “extrémisme”, une accusation fréquemment utilisée pour réprimer les opposants politiques dans ce pays allié de la Russie. Cette décision, annoncée ce mercredi par l’administration présidentielle, s’inscrit dans une série de libérations similaires opérées ces derniers mois.
Si les identités des bénéficiaires de cette grâce collective n’ont pas été dévoilées, la présidence a précisé qu’elle concernait huit femmes et 24 hommes, dont 27 souffrant de maladies chroniques et neuf âgés de plus de 50 ans. Une annonce saluée par Svetlana Tikhanovskaïa, figure de proue de l’opposition bélarusse en exil, qui a exprimé sa joie sur le réseau social X, tout en soulignant la réalité d’une “répression qui continue”.
Un pays sous l’emprise d’un régime autoritaire
Malgré ces libérations sporadiques, le Bélarus compte encore près de 1300 prisonniers politiques selon l’ONG Viasna, elle-même dans le collimateur des autorités. Depuis son arrivée au pouvoir il y a 30 ans, Alexandre Loukachenko règne d’une main de fer sur ce pays de 10 millions d’habitants, écrasant systématiquement les mouvements de contestation, à l’image des manifestations massives contre sa réélection jugée frauduleuse en 2020.
Une société civile muselée
En quatre ans, la répression s’est considérablement durcie, avec des milliers d’arrestations, de lourdes condamnations visant opposants, militants et journalistes, poussant des centaines de milliers de Bélarusses à l’exil. Parmi les figures emblématiques de la contestation de 2020 actuellement emprisonnées, Maria Kolesnikova voit son état de santé se dégrader dangereusement selon ses proches.
Manœuvres politiques avant l’élection
Alors qu’Alexandre Loukachenko entend briguer un nouveau mandat en janvier prochain, la libération de ces 32 prisonniers politiques, comme celles qui l’ont précédée, soulève des interrogations. S’agit-il d’un geste d’ouverture sincère envers une opposition muselée ou d’une manœuvre de façade visant à donner des gages à la communauté internationale ? L’avenir proche du Bélarus, suspendu à cette énième candidature de son président inamovible, apportera sans doute des éléments de réponse.
En attendant, la société civile bélarusse, bien que fragilisée par des années de répression, continue de se mobiliser pour défendre ses droits et ses libertés. Une lutte de longue haleine, portée par l’espoir d’un changement démocratique dans un pays qui semble aujourd’hui à la croisée des chemins, entre maintien d’un régime autoritaire et aspirations à un avenir plus libre.