La sélection de l’équipe de France d’escrime pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 fait grand bruit. Au cœur de la polémique : la mise à l’écart surprise d’Alexandre Bardenet, épéiste de renom et 3e français au classement mondial. Scandalisé par cette décision, le champion du monde par équipes 2022 monte au créneau et dénonce publiquement des “coups bas” de la part de la Fédération Française d’Escrime (FFE). Retour sur une affaire qui secoue le petit monde des épéistes tricolores.
La sélection olympique vire au règlement de comptes
C’est la douche froide pour Alexandre Bardenet. Malgré ses excellents résultats et sa 15e place mondiale, le trentenaire ne participera pas à ses Jeux à domicile cet été. “Paris ne sera qu’un rêve que je touchais du doigt mais la commission a tranché“, regrette-t-il amèrement dans une publication coup de gueule sur les réseaux sociaux.
Mais le plus remonté, c’est contre l’attitude de sa fédération que Bardenet vocifère : “Chaque année je me dis que la saison est la plus dure jamais vécue, néanmoins rien de comparable à l’année que j’ai passée où les coups bas étaient la norme.” Des mots forts qui illustrent le climat délétère régnant dans le microcosme de l’épée française.
Luidgi Midelton, le “chouchou” de la FFE ?
Pour remplacer Bardenet, c’est le jeune Luidgi Midelton, 25 ans, qui a été choisi. Un camouflet pour l’épéiste évincé, puisque Midelton n’est “que” 4e français, y compris au classement sélectif interne. Un choix jugé incompréhensible par beaucoup, à commencer par les coéquipiers de Bardenet, Yannick Borel et Romain Cannone.
Les performances répétées d’Alexandre Bardenet et sa régularité au plus haut niveau mondial cette saison mais aussi plus globalement sur l’olympiade n’ont semble-t-il pas suffi à convaincre la commission.
– Yannick Borel, sur les réseaux sociaux
Une fronde des épéistes contre la FFE
La mise à l’écart de Bardenet intervient dans un contexte de fortes tensions entre une partie des épéistes et leur fédération. Dès l’automne dernier, après un débrief houleux des Mondiaux 2022, Bardenet, Borel et Cannone avaient mené la fronde contre l’ex-manager de l’équipe Hugues Obry, finalement démissionnaire en février. Mais la hache de guerre est loin d’être enterrée…
Ces dernières semaines, le trio ne s’entraînait d’ailleurs que très partiellement avec le reste du collectif fédéral à l’INSEP. “Nous avons fait toutes les rencontres par équipe pour la qualifier aux Jeux olympiques de Paris. Malheureusement cette dernière se fera sans toi…” a réagi Romain Cannone, solidaire de son coéquipier Bardenet. Avant d’assurer vouloir décrocher l’or par équipes pour lui.
La FFE assume et se justifie
Malgré la bronca, la Fédération assume son choix et le justifie sportivement. Fabrice Jeannet, triple médaillé olympique et membre de la commission de sélection, met en avant la victoire de Luidgi Midelton en Coupe du monde à Vancouver en décembre, épreuve comptant pour le classement sélectif. Un résultat de prestige qui aurait fait pencher la balance en sa faveur.
Mais difficile d’occulter la dimension extra-sportive de ce psychodrame. La guerre larvée entre plusieurs cadres de l’épée masculine et leur fédération aura peut-être eu raison des espoirs olympiques d’Alexandre Bardenet. Une déconvenue personnelle pour le champion déchu, qui risque bien d’empoisonner aussi la préparation collective de l’équipe de France, à un peu plus d’un an des Jeux de Paris…
