Alors que le malaise s’installe durablement dans les campagnes françaises, les agriculteurs haussent le ton. Partout dans le pays, sur plus de 80 points de mobilisation, les manifestations se multiplient pour alerter sur les difficultés croissantes du monde agricole. Entre colère et désespoir, le mouvement pourrait rapidement s’amplifier et durcir ses actions dans les prochains jours.
Une crise profonde qui perdure
Malgré les promesses du gouvernement il y a moins d’un an, le constat est amer pour beaucoup d’agriculteurs. D’après une source proche de la FNSEA, le principal syndicat, seulement 36% des mesures négociées auraient été mises en œuvre à ce jour. Les problèmes de fond demeurent :
- Des revenus en berne face à la flambée des coûts de production
- Une concurrence étrangère jugée déloyale
- Des normes environnementales de plus en plus contraignantes
- Un manque de considération et de soutien de la part des pouvoirs publics
Pour un représentant syndical, “produire en France coûte 20% plus cher que dans le reste de l’Europe”. Une situation intenable pour de nombreuses exploitations déjà fragilisées.
La menace des accords de libre-échange
Au cœur des préoccupations, la possible ratification de l’accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur cristallise les tensions. Beaucoup y voient une concurrence déloyale supplémentaire et un non-sens écologique. La tenue d’un débat sans vote à l’Assemblée est loin de les rassurer.
On ne peut pas demander toujours plus de contraintes ici et ouvrir grand nos frontières à des produits qui n’ont pas les mêmes normes !
Un agriculteur en colère
Une mobilisation qui s’organise
Si la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs tentent pour le moment de dialoguer avec le gouvernement, tout en menant des actions symboliques, la base semble prête à durcir le ton. La Coordination rurale notamment, appelle à bloquer le fret alimentaire dès aujourd’hui :
On veut provoquer un chaos et une pénurie alimentaire !
Serge Bousquet-Cassagne, responsable Coordination rurale
Certains n’hésitent plus à dégrader des bâtiments publics ou bloquer des axes routiers majeurs. Une escalade que les leaders syndicaux peinent à contenir. “La coupe est pleine” résume un agriculteur excédé.
Un bras de fer qui s’installe
Face à cette grogne qui enfle, le gouvernement tente de temporiser. La nouvelle Première ministre assure que les aides exceptionnelles seront versées “avant la fin de l’année”. Mais pour beaucoup, ces promesses ne sont plus suffisantes. Ils réclament des actes forts et des engagements sur le long terme pour assurer la pérennité de l’agriculture française.
Déterminés, les agriculteurs promettent une montée en puissance de leur contestation dans les prochains jours :
Si le gouvernement reste sourd à nos revendications, il devra assumer les conséquences. On ne lâchera rien !
Un responsable syndical
Entre ultimatums et menaces voilées, le torchon brûle entre le monde agricole et l’exécutif. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour sortir de l’impasse. D’autant que l’approche des fêtes de fin d’année pourrait donner des idées à certains sur les moyens de pression à utiliser…
L’avenir de l’agriculture française est aujourd’hui en jeu. Dans ce bras de fer qui s’installe, le gouvernement saura-t-il entendre et répondre durablement aux attentes des agriculteurs ? Rien n’est moins sûr. Une chose est certaine, le mouvement ne devrait pas faiblir dans les prochains jours. La colère est trop forte et l’exaspération à son comble. Les agriculteurs sont prêts à en découdre pour défendre leur survie. Un défi majeur pour l’exécutif qui joue là une partie de sa crédibilité auprès du monde rural.
