C’est une affaire qui laisse sans voix. Un éducateur d’un foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) du Val-d’Oise, censé accompagner et protéger des jeunes en difficulté, vient d’être sévèrement condamné par la justice. Son crime ? Avoir manipulé et entraîné trois adolescents dont il avait la charge dans un projet criminel délirant visant à empoisonner son épouse en lui injectant de l’acide.
Un engrenage dramatique révélé par l’un des ados impliqués
C’est le témoignage poignant de Sila, l’un des trois adolescents pris dans cet engrenage, qui a permis de révéler l’affaire au grand jour. Âgé de 16 ans et placé par l’ASE des Hauts-de-Seine dans ce foyer du Val-d’Oise, il a fini par trouver le courage de dénoncer les faits, mettant ainsi fin à ce projet macabre.
Récit glaçant d’une manipulation perverse
Sila raconte comment cet éducateur, en qui il avait toute confiance, a peu à peu tissé sa toile, l’entraînant lui et deux autres jeunes du foyer dans son plan malsain. Profitant de leur fragilité et de leur mal-être, il les a progressivement conditionnés, les persuadant que la seule issue à leurs problèmes était de l’aider à se débarrasser de sa femme.
Au début, je ne comprenais pas bien où il voulait en venir. Puis j’ai réalisé qu’il était sérieux, qu’il voulait vraiment qu’on empoisonne sa femme. J’avais peur mais je me sentais piégé, je ne savais pas comment m’en sortir.
Sila, victime de la manipulation de l’éducateur
Un stratagème élaboré pour un passage à l’acte
Selon les révélations de Sila, l’éducateur avait minutieusement planifié son coup. Il s’était procuré de l’acide et des seringues, et avait longuement expliqué aux adolescents comment procéder pour injecter le poison. Le jour J, il les avait conduits en voiture jusqu’au domicile de son épouse, leur ordonnant de passer à l’action.
C’est à ce moment-là que Sila a craqué. Refusant de commettre l’irréparable, il s’est enfui et a contacté les secours, permettant l’arrestation in extremis de l’éducateur dévoyé avant que le pire ne se produise.
Une peine exemplaire pour des faits inqualifiables
Lors du procès devant la cour d’assises des mineurs du Val-d’Oise, l’éducateur a été reconnu coupable d’actes de torture et de barbarie ainsi que de complicité de tentative d’assassinat. Les jurés ont suivi les réquisitions du parquet, le condamnant à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle.
Une décision rarissime à l’encontre d’un professionnel de la protection de l’enfance, qui marque la gravité des faits et le lourd traumatisme subi par les adolescents abusés. Les avocats des parties civiles ont salué un verdict « juste et proportionné à l’ignominie des actes commis ».
Une affaire qui soulève de nombreuses questions
Au-delà du choc et de l’émotion, ce dossier met en lumière les failles potentielles dans le recrutement et le suivi des professionnels de la protection de l’enfance. Comment un individu au profil si inquiétant a-t-il pu passer entre les mailles du filet et se retrouver en position d’autorité auprès de jeunes très vulnérables ?
Les départements concernés, les Hauts-de-Seine et le Val-d’Oise, se sont refusés à tout commentaire, indiquant seulement avoir lancé une enquête administrative interne. Une réaction en demi-teinte qui peine à rassurer sur les mesures concrètes qui seront prises à l’avenir pour prévenir ce type de dérives.
Des victimes à reconstruire
Reste le traumatisme des trois adolescents pris au piège de la folie criminelle d’un adulte qui était censé les protéger. Sila confie avoir encore de nombreux cauchemars et être suivi par un psychiatre. Ses deux camarades, qui comparaissaient comme témoins assistés, n’ont quant à eux pas souhaité s’exprimer pendant le procès.
Cela va prendre du temps pour qu’ils se reconstruisent et retrouvent confiance dans les adultes. C’est tout un travail de réparation psychologique qui les attend. Nous serons à leurs côtés
L’avocate des adolescents
Une terrible affaire qui rappelle que la protection des mineurs les plus fragiles doit plus que jamais être une priorité absolue. Il en va de leur avenir et de leur équilibre psychologique, mis à mal par ceux-là mêmes qui étaient censés les préserver des affres d’un monde d’adultes parfois cruel et déviant. La justice a tranché, reste désormais à panser les plaies des victimes.