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Catalogne : le retour des exilés après l’amnistie choc

Coup de tonnerre en Espagne : les députés adoptent une amnistie pour les indépendantistes catalans exilés. Le début d'une nouvelle ère ? #Catalogne #Espagne #amnistie

C’est un événement qui fera date dans l’histoire tumultueuse des relations entre l’Espagne et la Catalogne. Ce jeudi 30 mai, le parlement espagnol a définitivement adopté une loi d’amnistie pour les indépendantistes catalans, ouvrant la voie au retour des exilés qui avaient fui le pays après la tentative de sécession avortée de 2017. Un tournant majeur orchestré par le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez, non sans controverse.

Une loi historique et polémique

Après des mois de tractations et de vifs débats, la loi d’amnistie tant attendue par les partis indépendantistes catalans a finalement été approuvée par 177 voix contre 172, la majorité absolue étant de 176. Un résultat serré qui reflète les profondes divisions suscitées par ce texte dans la classe politique espagnole.

Pour le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, cette amnistie doit permettre de tourner la page de la crise catalane et de rétablir le dialogue avec la région séparatiste. Mais ses opposants de droite, le Parti Populaire (PP) en tête, dénoncent une mesure “inconstitutionnelle” et une “trahison” motivée par de pures considérations politiciennes.

Le retour des exilés, dont Carles Puigdemont

Concrètement, cette loi d’amnistie va bénéficier à environ 400 personnes poursuivies pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, dont les principales figures de l’indépendantisme catalan en exil comme l’ancien président régional Carles Puigdemont. Réfugié en Belgique depuis 5 ans, ce dernier a salué “un jour historique” et espère pouvoir rentrer prochainement en Catalogne.

Cette amnistie est une bataille dans le conflit qui existe depuis des siècles entre les deux nations, la catalane et l’espagnole.

Miriam Nogueras, porte-parole du parti de Carles Puigdemont

Mais pour les indépendantistes, cette loi n’est qu’une “étape” vers leur objectif ultime : l’organisation d’un référendum d’autodétermination en bonne et due forme, après celui déclaré illégal d’octobre 2017. Un scénario encore inenvisageable pour Madrid, qui reste inflexible sur l’unité du pays.

Une adoption sous haute tension

Dans l’hémicycle, les débats ont été électriques jusqu’au bout, avec des échanges d’invectives entre bancs de gauche et de droite. Le leader de Vox, Santiago Abascal, a même accusé Pedro Sánchez de vouloir “détourner l’attention” des affaires de corruption touchant son parti et du récent revirement de Madrid sur le Sahara occidental.

Reste à savoir désormais quand et comment cette amnistie sera concrètement appliquée. La loi doit encore être promulguée par le roi Felipe VI et publiée au Journal Officiel, avant d’être mise en œuvre par la justice. Un processus qui pourrait prendre plusieurs semaines, voire des mois.

En attendant, cette adoption marque indéniablement un nouveau chapitre dans la saga catalane, loin d’être terminée. Si elle permet d’apaiser temporairement les tensions, elle ne résout pas le fond du problème : les aspirations indépendantistes d’une partie de la population catalane, toujours bien vivaces malgré les revers. Une quadrature du cercle pour le gouvernement espagnol.

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