Un geste fort et symbolique. Plusieurs maires de grandes villes françaises ont décidé d’éteindre les lumières de leurs hôtels de ville en signe de solidarité avec Gaza, théâtre de violents affrontements ces derniers jours. Une initiative lancée par Benoît Payan, maire de Marseille, qui a rapidement fait des émules dans l’hexagone.
Éteindre les lumières pour éclairer les consciences
Tout est parti d’un tweet du maire de Marseille mardi soir. Benoît Payan a annoncé sa décision “d’éteindre les lumières de l’hôtel de ville en mémoire de toutes les victimes civiles de Gaza”, appelant tous les maires de France à faire de même. Un appel entendu par plusieurs édiles de grandes villes, de Montpellier à Lille en passant par Bordeaux.
J’ai décidé d’éteindre les lumières de l’hôtel de Ville en mémoire de toutes les victimes civiles de Gaza, ce soir à 22h. J’appelle tous les Maires de France à en faire de même.
– Benoît Payan, maire de Marseille
À Montpellier, le maire socialiste Michaël Delafosse a ainsi répondu présent, soulignant que “chaque vie compte” et appelant à un cessez-le-feu. Même son de cloche à Rouen, où le maire Nicolas Mayer-Rossignol a annoncé que le Gros-Horloge, monument emblématique de la ville, serait éteint.
Un mouvement national
De Lille à Bordeaux en passant par Lyon, l’appel lancé par Benoît Payan a trouvé un large écho :
- Martine Aubry, maire PS de Lille, a promis d’éteindre plusieurs bâtiments publics
- Pierre Hurmic, maire EELV de Bordeaux, a annoncé l’extinction de la façade de l’hôtel de ville
- À Lyon, Grégory Doucet (EELV) a éteint son hôtel de ville dès 22h mardi
- Carole Delga, présidente PS de région, a étendu le mouvement aux Hôtels de Région d’Occitanie
Un geste fort, destiné à exprimer la colère et la solidarité des élus face aux frappes meurtrières qui ont fait 45 morts à Rafah le 26 mai. Une initiative symbolique mais lourde de sens dans un contexte de vives tensions au Proche-Orient.
Un symbole qui fait débat
Si le geste est applaudi par beaucoup, il suscite aussi quelques critiques. Certains y voient un positionnement politique partial dans un conflit complexe. D’autres s’interrogent sur l’efficacité réelle d’une telle action.
Mais pour les maires engagés, il s’agit avant tout d’un devoir de mémoire et d’humanité. “Nous éteignons les lumières et nous gardons les yeux ouverts”, résume Pierre Hurmic. Un appel à ne pas détourner le regard face à la souffrance des populations civiles, premières victimes de ce conflit qui n’en finit pas.
Depuis octobre, le drapeau palestinien flotte au fronton de la mairie. Avec le drapeau israélien. Avec le mot “Paix”.
– Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen
Au-delà des clivages, c’est finalement un appel à la paix qui semble motiver ces maires. Comme le souligne Nicolas Mayer-Rossignol à Rouen, où flottent côte à côte les drapeaux palestinien et israélien sur la mairie. Un voeu pieux, un geste dérisoire face à la violence des armes ? Peut-être. Mais dans la nuit noire du conflit, ces lumières éteintes sont comme autant de lueurs d’espoir. Des flammes vacillantes mais obstinées, symboles d’une solidarité qui ne veut pas s’éteindre.