Un fléau silencieux continue de faire des ravages dans le monde : les mines antipersonnel. Selon le dernier rapport de l’Observatoire des mines, le nombre de victimes de ces engins explosifs a connu une hausse alarmante de 20% en 2023 par rapport à l’année précédente. Au moins 5757 personnes ont été tuées ou blessées l’an dernier dans 53 pays, dont une grande majorité de civils. Un bilan humain lourd qui soulève de sérieuses inquiétudes.
La Birmanie, nouveau pays le plus meurtrier
Dans ce sombre tableau, un pays se distingue tragiquement : la Birmanie. Avec 1003 victimes recensées en 2023, elle ravit à la Syrie la peu enviable première place des pays les plus touchés par ce fléau. Un triste record qui s’explique par les violences qui déchirent le pays depuis des décennies entre l’armée et des groupes rebelles, une situation encore aggravée par le coup d’État militaire de 2021.
Selon des sources proches du dossier, l’armée birmane aurait intensifié l’usage de mines antipersonnel autour d’infrastructures stratégiques comme des tours de téléphonie ou des pipelines, cibles régulières des insurgés. Plus grave encore, elle continuerait de recourir à des civils pour “guider” ses soldats dans des zones truffées de mines, au mépris du droit international humanitaire. Les rebelles ne sont pas en reste puisqu’ils se fournissent aussi en mines, comme le montrent des photos saisies.
Des engins qui tuent et mutilent longtemps après les conflits
Malgré l’interdiction posée par la Convention d’Ottawa, ratifiée par 164 États, des pays comme la Birmanie continuent d’utiliser et de produire ces armes aveugles. Dissimulées dans le sol, elles représentent une menace mortelle pendant et bien après la fin des combats. Leurs victimes sont souvent des civils, hommes, femmes et enfants qui ont le malheur de marcher sur une mine enfouie des années plus tôt.
Trop de vies innocentes sont encore fauchées ou brisées par ces engins barbares, véritables pièges lancés à travers le temps. Ce nouveau bilan terrifiant nous rappelle l’urgence d’universaliser l’interdiction des mines antipersonnel et d’intensifier l’aide aux victimes et le déminage.
Déclaration d’un responsable de l’Observatoire des mines
L’impérieuse nécessité d’un monde sans mines
Face à cette tragédie humanitaire, la communauté internationale doit maintenir et renforcer ses efforts pour débarrasser le monde de ce fléau :
- Universaliser l’adhésion à la Convention d’Ottawa et son application effective
- Intensifier les programmes de déminage et de destruction des stocks
- Aider les victimes en leur assurant des soins, une réadaptation et une réinsertion
- Soutenir l’éducation aux risques pour les populations exposées
- Maintenir le tabou contre l’emploi des mines antipersonnel
Chaque nouvelle victime de ces armes atroces est une victime de trop. Comme le rappelle avec force ce rapport poignant, un monde sans mines reste à construire. Une cause vitale pour que plus jamais des vies ne soient volées par ces graines de mort enfouies sous nos pas.