C’est une annonce qui a pris tout le monde de court. Le président Donald Trump a nommé mardi Linda McMahon, l’ancienne patronne de la fédération de catch WWE, au poste de ministre de l’Éducation. Un choix pour le moins inattendu, qui intervient alors que le milliardaire républicain avait promis pendant sa campagne de s’attaquer à cette institution fédérale, sur fond de fortes divisions entre progressistes et conservateurs.
Depuis son retour triomphal à la Maison Blanche le 5 novembre dernier, Donald Trump a multiplié les nominations surprenantes au sein de son administration, puisant parmi ses plus fidèles soutiens. Et Linda McMahon en fait clairement partie. Âgée de 76 ans, elle avait déjà occupé le poste de ministre des Petites Entreprises entre 2017 et 2019, lors du premier mandat de Trump.
“Nous allons rendre l’éducation aux États” promet Trump
Dans un communiqué annonçant cette nomination, le 45e président des États-Unis a déclaré : “En tant que ministre de l’Éducation, Linda se battra sans relâche pour offrir plus de liberté d’enseignement à chaque État américain et donner aux parents les moyens de prendre les meilleures décisions en matière d’éducation pour leur famille.” Avant d’ajouter, sur un ton volontariste : “Nous allons RENDRE L’ÉDUCATION AUX ÉTATS et Linda sera le fer de lance de cet effort”.
Une promesse qui risque de raviver les tensions, déjà vives, entre démocrates et républicains sur les questions éducatives. Car si les États dirigés par les conservateurs s’opposent farouchement aux réformes progressistes touchant aux droits des femmes, des minorités ou des communautés LGBT+, ceux aux mains des démocrates défendent au contraire une vision plus inclusive de l’école.
Linda McMahon, une fidèle parmi les fidèles
Le choix de Linda McMahon apparaît comme une récompense de sa loyauté envers Donald Trump. Amie de longue date du milliardaire, elle n’a jamais hésité à le soutenir, y compris financièrement. Dès 2016, elle avait ainsi apporté son appui à sa candidature, d’abord lors des primaires républicaines puis dans la course à la présidence.
Linda est l’une de mes plus proches et plus précieuses conseillères. Elle sera une ministre de l’Éducation exceptionnelle pour nos enfants !
– Donald Trump sur Twitter, 20 décembre 2024
Nommée co-responsable de l’équipe de transition présidentielle aux côtés du milliardaire Howard Lutnick (lui-même choisi lundi comme secrétaire au Commerce), Linda McMahon fait définitivement partie du premier cercle trumpiste. Un statut qu’elle doit en grande partie à son mari Vince McMahon, magnat du catch américain et fondateur de la WWE qu’il a dirigé pendant des décennies avant d’être poussé à la démission en janvier dernier, suite à des accusations d’agressions sexuelles.
Du catch à la politique
Si le nom de Linda McMahon est indissociable de la WWE, dont elle fut présidente à partir de 1993 puis directrice générale jusqu’en 2009, son parcours ne se résume pas à l’univers du catch. Cette femme d’affaires accomplie a en effet tenté à plusieurs reprises de se lancer en politique.
- 2010 : candidate malheureuse au Sénat sous l’étiquette républicaine dans le Connecticut
- 2012 : nouvelle tentative infructueuse pour décrocher un siège de sénatrice
- 2017-2019 : ministre des Petites Entreprises sous Donald Trump
Sa nomination à l’Éducation, qui doit encore être validée par le Sénat à majorité républicaine, constitue donc un retour en grâce pour cette fidèle parmi les fidèles. Reste à savoir quelle direction elle donnera à ce ministère hautement symbolique et politiquement explosif. Une chose est sûre, entre réforme du financement des écoles, débats sur le port d’armes ou l’enseignement du racisme et de l’identité de genre, les dossiers brûlants ne manqueront pas sur son bureau.
L’Amérique au bord de la fracture éducative ?
Au-delà du profil atypique de la nouvelle ministre, cette nomination ravive les profondes fractures qui traversent la société américaine sur les questions d’éducation. Alors que les démocrates défendent un modèle promouvant la diversité et l’inclusion, les républicains poussent des initiatives visant à redonner du pouvoir aux États et aux parents, quitte à remettre en cause certains acquis progressistes.
Des divergences qui se cristallisent autour de sujets aussi brûlants que le port d’armes dans les écoles, l’enseignement des questions LGBT+ ou de la “critical race theory”, qui étudie les liens entre racisme et les lois. Autant de lignes de faille qui menacent de plus en plus l’unité du système éducatif américain.
Cette nomination est une véritable déclaration de guerre contre notre modèle éducatif. Sous couvert de rendre le pouvoir aux États, Trump et les républicains veulent démanteler des décennies de progrès et de luttes pour une école plus juste et inclusive.
– Une élue démocrate du Massachusetts qui a requis l’anonymat
Interrogée sur ces sujets brûlants, Linda McMahon est pour l’instant restée évasive, se contentant de promettre “d’écouter toutes les parties” et de travailler à “des solutions pragmatiques”. Mais alors que les guerres culturelles n’ont jamais semblé aussi vives outre-Atlantique, son ministère s’annonce d’ores et déjà comme l’un des plus scrutés et controversés du gouvernement Trump 2.0.