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Haïti : MSF Suspend Ses Activités À Port-au-Prince Suite Aux Violences Policières

Médecins Sans Frontières forcé de cesser ses activités à Port-au-Prince face aux violences policières. Deux patients tués, personnel menacé de mort et de viol. Jusqu'où ira le chaos en Haïti ?

Dans un communiqué choc publié mardi soir, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé la suspension immédiate de toutes ses activités à Port-au-Prince, la capitale haïtienne. Cette décision fait suite à une série d’incidents graves impliquant les forces de police du pays, plongé depuis des années dans un chaos politique et sécuritaire sans précédent.

Patients exécutés, personnel menacé

Le point de non-retour semble avoir été atteint le 11 novembre dernier. Ce jour-là, selon MSF, une ambulance de l’organisation a été prise pour cible par des policiers, entraînant la mort d’au moins deux patients ainsi que l’agression du personnel médical présent. Un acte d’une violence inouïe qui n’est malheureusement pas isolé.

Dans les jours qui ont suivi, les équipes de MSF ont dû faire face à un harcèlement constant de la part des forces de l’ordre. Arrêts répétés des véhicules, menaces de mort et même de viol proférées à l’encontre du personnel… Une situation devenue totalement intenable pour l’ONG.

Haïti et ailleurs, nous avons l’habitude de travailler dans des conditions d’insécurité extrêmes, mais lorsque même les forces de l’ordre deviennent une menace directe, nous n’avons d’autre choix que de suspendre nos projets.

– Communiqué de Médecins Sans Frontières

Un pays à la dérive

Cette décision de MSF illustre une nouvelle fois la gravité de la crise qui secoue Haïti. Gangréné par une instabilité politique chronique, ce petit pays des Caraïbes doit aussi composer avec une recrudescence sans précédent de la violence des gangs.

Aujourd’hui, on estime que 80% de la capitale Port-au-Prince est sous le contrôle de ces groupes armés, accusés de meurtres, viols, pillages et enlèvements en série. En début d’année, ils avaient même tenté de s’unir pour renverser le Premier ministre.

Un nouveau gouvernement, pour quel espoir ?

Face à ce chaos, les autorités semblent totalement dépassées. Le 11 novembre, un nouveau Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a bien été nommé avec la promesse de “rétablir la sécurité”. Mais dans un pays privé de président depuis 2021 et qui n’a plus connu d’élections depuis 2016, l’espoir d’un retour à la normale semble bien mince.

En attendant, ce sont les organisations humanitaires et la population civile qui paient le plus lourd tribut. Avec le départ forcé de MSF, c’est tout un pan de l’aide médicale d’urgence qui disparaît, laissant les Haïtiens encore un peu plus livrés à eux-mêmes au cœur de cette spirale de violence.

Le spectre d’un État failli, en proie à une criminalité incontrôlable et abandonné par la communauté internationale, n’a jamais semblé aussi proche. Une réalité glaçante pour ce pays qui rêvait il y a encore quelques années de tourner la page d’un passé tumultueux.

Reste à savoir si ce nouveau coup dur sera le déclic pour une réaction forte de la communauté internationale. Ou si Haïti continuera de s’enfoncer, loin des radars médiatiques, dans les abysses du chaos. L’avenir immédiat de millions d’Haïtiens en dépend.

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