C’est un véritable séisme humanitaire qui frappe actuellement Haïti. Au cœur de ce chaos, Médecins Sans Frontières (MSF), un des derniers remparts face à la crise, vient d’annoncer la suspension de ses activités à Port-au-Prince suite à de graves menaces proférées par la police haïtienne à l’encontre de son personnel. Une décision lourde de conséquences qui souligne l’extrême gravité de la situation.
MSF ciblé par les forces de police haïtiennes
Selon une source proche de l’ONG, les menaces à l’encontre des équipes de MSF se sont intensifiées ces dernières semaines, contraignant l’organisation à prendre cette décision radicale. Le point de non-retour a été atteint le 11 novembre dernier, lorsque deux patients de MSF ont été abattus, vraisemblablement par des membres des forces de l’ordre. Un acte d’une violence inouïe qui a profondément choqué le personnel humanitaire sur place.
Dans un communiqué, MSF a ainsi annoncé que face à ces « graves menaces proférées à l’encontre de son personnel par des membres des forces de police haïtiennes », l’ONG se voyait « contrainte de suspendre ses activités à Port-au-Prince jusqu’à nouvel ordre », et ce à compter du mercredi 20 novembre.
Une situation humanitaire catastrophique
Cette décision intervient alors qu’Haïti traverse une crise humanitaire sans précédent. Depuis plusieurs mois, le pays est en proie à une violence extrême, alimentée par les affrontements entre gangs rivaux qui se disputent le contrôle de la capitale. Les civils sont les premières victimes de ces combats, pris entre deux feux, contraints de fuir leurs foyers par milliers.
Dans ce contexte, la présence de MSF et d’autres acteurs humanitaires est absolument cruciale pour venir en aide aux populations les plus vulnérables. La suspension des activités de l’ONG risque donc d’avoir des conséquences dramatiques pour des milliers d’Haïtiens déjà durement éprouvés.
L’État haïtien en faillite
Cette situation met également en lumière l’incapacité de l’État haïtien à assurer la sécurité de sa population et à maintenir un semblant d’ordre. Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, le pays est plongé dans une profonde crise politique, marquée par un vide du pouvoir qui a laissé le champ libre aux groupes armés.
Malgré les appels répétés de la communauté internationale et les efforts de l’ONU, aucune solution pérenne n’a pour l’heure été trouvée pour sortir Haïti de l’ornière. La mise en place d’une force multinationale, un temps envisagée, semble aujourd’hui plus hypothétique que jamais, en raison notamment des réticences de certains pays à s’engager dans ce bourbier sécuritaire.
Un avenir incertain
Dans ce contexte d’une extrême volatilité, l’avenir d’Haïti apparaît plus incertain que jamais. La suspension des activités de MSF n’est qu’un symptôme parmi d’autres de la déliquescence d’un État qui n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions les plus élémentaires.
Sans une réaction forte et coordonnée de la communauté internationale, il est à craindre que le pays ne sombre davantage encore dans le chaos, avec des conséquences humanitaires potentiellement dévastatrices. Car derrière les affrontements entre gangs et les menaces contre les humanitaires, ce sont des centaines de milliers d’Haïtiens, hommes, femmes et enfants, qui luttent chaque jour pour leur survie dans des conditions d’une précarité extrême.
Le cri d’alarme lancé par MSF doit donc être entendu comme un ultime appel à l’aide, un SOS adressé à la conscience mondiale. Car si rien n’est fait, c’est tout un pays qui risque de sombrer, emporté par une spirale de violence et de misère dont il sera bien difficile de sortir.