Alors que la richesse mondiale n’a jamais été aussi élevée, les écarts entre pays riches et pauvres ne cessent de se creuser. Un constat alarmant soulevé par les économistes du World Inequality Lab (WIL), qui pressent les dirigeants à agir. Le récent engagement du G20 à coopérer pour taxer davantage les plus fortunés représente-t-il un premier pas dans la bonne direction ?
Des inégalités de revenus qui s’envolent
Si le PIB mondial devrait atteindre un niveau record de 110.000 milliards de dollars cette année selon le FMI, cette manne est loin de profiter à tous de manière équitable. D’après les derniers travaux du WIL, le revenu national moyen par habitant s’élevait en 2023 à environ 1.065 euros par mois dans le monde. Mais derrière ce chiffre se cachent d’immenses disparités :
- En Afrique subsaharienne, le revenu moyen n’était que de 240 euros par mois
- Contre plus de 3.500 euros en Amérique du Nord et en Océanie
- Soit une différence de 1 à 15 entre ces régions !
Et les inégalités ne se limitent pas aux écarts entre pays. Au sein même des nations, les revenus sont de plus en plus concentrés dans les mains d’une minorité. Dans de nombreux états comme l’Afrique du Sud, le Mexique ou l’Inde, les 10% les plus riches captent environ 60% des revenus nationaux. Même dans les pays développés, la situation est préoccupante, à l’image des États-Unis où 1% de la population accapare 21% des richesses.
Le G20 s’engage à taxer les plus riches
Face à ce creusement des inégalités, l’engagement pris par les dirigeants du G20 de coopérer pour taxer “effectivement” les grandes fortunes est vu comme “un début” par Lucas Chancel, co-directeur du WIL. Il s’agit selon lui des prémices d’un processus de négociations internationales crucial pour rééquilibrer la donne.
Porté notamment par le Brésil et soutenu par la France, ce projet n’a toutefois pas abouti à ce stade à l’instauration d’un taux minimal d’imposition des milliardaires au niveau mondial, en raison de l’opposition des États-Unis. Mais pour l’économiste Thomas Piketty, à l’origine du WIL, cette avancée reste “très importante”.
Combler les déficits et financer la transition écologique
Au-delà de l’impératif de justice sociale, taxer davantage les plus grandes fortunes apparaît aussi comme une potentielle source de financement providentielle pour les états. À l’heure où les déficits publics se creusent et où les besoins pour l’adaptation au changement climatique explosent, faire contribuer ceux qui concentrent une part grandissante des richesses semble plus que jamais nécessaire.
Il s’agit du début des discussions, du début d’un processus de négociations internationales sur la taxation des plus fortunés.
Lucas Chancel, co-directeur du World Inequality Lab
L’initiative du G20 en faveur d’une meilleure taxation des grandes fortunes est donc saluée comme une première étape cruciale par les experts des inégalités. Mais elle devra nécessairement être suivie d’actions concrètes et coordonnées au niveau mondial pour espérer inverser la tendance. Le chemin vers une répartition plus équitable des richesses s’annonce encore long et semé d’embûches.