Selon un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) consulté par plusieurs médias, l’Iran aurait récemment pris des mesures pour cesser l’expansion de son stock d’uranium hautement enrichi. Cette matière, enrichie à 60%, se rapproche dangereusement du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d’une arme nucléaire. Si Téhéran affirme que son programme est purement civil, ces révélations interviennent à un moment de fortes tensions diplomatiques autour du dossier.
Une visite de l’AIEA porteuse d’espoir ?
La semaine dernière, le chef de l’AIEA Rafael Grossi s’est rendu en Iran pour inspecter les sites nucléaires clés du pays. Selon le rapport qui en découle, l’agence a pu vérifier que la République islamique avait bien « commencé à mettre en œuvre des préparatifs visant à stopper l’augmentation de son stock d’uranium enrichi à 60% » dans les installations de Natanz et Fordo. Une annonce inattendue, alors que les réserves iraniennes n’ont cessé de croître ces derniers mois pour atteindre plus de 32 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015.
Des stocks qui restent préoccupants
Malgré cette apparente bonne volonté, l’Iran possède aujourd’hui suffisamment de matière fissile enrichie à 60% pour produire « plus de trois bombes », selon les critères de l’AIEA. Un constat alarmant, alors que les négociations pour sauver l’accord nucléaire de 2015 sont au point mort depuis que les États-Unis s’en sont retirés unilatéralement en 2018. En représailles, Téhéran a progressivement cessé de respecter ses engagements, augmentant le niveau et le rythme de son enrichissement d’uranium.
Vers une nouvelle escalade diplomatique?
Si le geste iranien pourrait apaiser temporairement les tensions, il intervient à la veille d’une réunion cruciale du Conseil des gouverneurs de l’AIEA à Vienne. Exaspérés par le manque de coopération de Téhéran, les pays occidentaux prévoient de soumettre une résolution condamnant fermement l’attitude de la République islamique. Un texte hautement symbolique qui risque de provoquer l’ire des autorités iraniennes, lesquelles ont déjà prévenu qu’elles prendraient des « contre-mesures immédiates » qui « ne plairont certainement pas » à leurs détracteurs.
Malgré ces menaces, les diplomates semblent déterminés à maintenir la pression sur l’Iran. « L’expérience nous a appris que l’engagement de l’Iran ne tiendra probablement pas, car il réagit toujours » aux résolutions, souligne une source proche des négociations. De son côté, Téhéran, accusé de soutenir les attaques à l’encontre des forces d’occupation américaines en Iraq, voit son programme nucléaire susciter une inquiétude grandissante au sein de la communauté internationale. Signe d’une très légère détente, l’Iran envisage cependant de désigner quatre nouveaux inspecteurs de l’AIEA, après des retraits controversés d’accréditations.
Un accord de 2015 en lambeaux
Conclu après de longues et âpres négociations, l’accord de 2015 visait à encadrer strictement le programme nucléaire iranien en échange d’une levée progressive des sanctions internationales qui asphyxiaient l’économie du pays. Mais le retrait américain et le rétablissement de lourdes mesures punitives ont poussé l’Iran à s’affranchir de la plupart de ses obligations. Depuis, et malgré des discussions de la dernière chance à Vienne, aucun compromis n’a pu être trouvé pour sauver ce fragile édifice diplomatique.
Face à cette situation de plus en plus tendue, beaucoup craignent une escalade incontrôlable qui pourrait déboucher sur un conflit ouvert. Car si l’Iran a toujours nié vouloir se doter de l’arme atomique, son voisin israélien n’hésite pas à brandir la menace d’une action militaire pour empêcher Téhéran d’atteindre le seuil fatidique. Un scénario catastrophe qui hante les chancelleries du monde entier, alors que le Moyen-Orient reste déjà secoué par de multiples crises et conflits. Dans ce contexte explosif, le moindre geste, la moindre déclaration, pourrait mettre le feu aux poudres.
L’espoir d’une solution diplomatique
Malgré ces vents contraires, certains experts veulent encore croire en une issue pacifique. Ils soulignent que l’Iran, étranglé par les sanctions et fragilisé par une contestation intérieure, pourrait avoir intérêt à faire des concessions pour obtenir un allègement des mesures qui plombent son économie. De leur côté, les États-Unis de Joe Biden semblent prêts à revenir dans l’accord, à condition que Téhéran renoue avec ses engagements. Mais le temps presse, car l’Iran continue de progresser dans son programme nucléaire.
Dans ce bras de fer aux allures de partie d’échecs géopolitique, chaque coup doit donc être savamment calculé. Car une erreur, un mauvais signal, pourrait précipiter la région dans un engrenage incontrôlable aux conséquences potentiellement dévastatrices. Plus que jamais, la voie étroite de la diplomatie apparaît comme la seule option raisonnable pour sortir de cette crise qui maintient le monde en apnée. Reste à savoir si toutes les parties sauront saisir cette opportunité, avant qu’il ne soit trop tard.