Alors que la COP29 bat son plein à Bakou, la question d’une sortie progressive des énergies fossiles semble reléguée au second plan des négociations internationales. Un revirement étonnant après l’accord “historique” arraché l’an dernier à Dubaï, qui avait fait de cet objectif une priorité pour enrayer le réchauffement climatique. Le dernier G20 à Rio est même resté totalement silencieux sur le sujet, suscitant la consternation des observateurs. Pourtant, la France n’entend pas baisser les bras.
« Maintenir la pression » sur les énergies fossiles
Interrogée par Les Echos, la ministre française de la Transition écologique et de l’Energie Agnès Pannier-Runacher a assuré que la sortie des énergies fossiles « reste toujours d’actualité ». Même si elle ne fera pas le déplacement à Bakou en raison de tensions diplomatiques, la ministre affirme « négocier à distance pour atteindre le meilleur niveau d’ambition ». L’objectif : faire de nouveau de l’abandon progressif du pétrole, du charbon et du gaz une priorité sur la scène internationale.
Il est important de maintenir la pression sur ce point.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique
Pour la ministre, cette question est indissociable des débats sur le financement Nord-Sud de la transition écologique, qui cristallisent les tensions à la COP29. « Le sujet du financement n’a vocation à exister que parce qu’il faut financer cette sortie » des énergies fossiles, souligne-t-elle.
Une COP29 moins bien préparée ?
Alors que la conférence doit s’achever vendredi, les négociations patinent sur la question des financements. Un retard qui s’explique en partie par une préparation jugée insuffisante par rapport aux éditions précédentes, selon la ministre française. Résultat, l’objectif d’un accord ambitieux réaffirmant l’abandon des fossiles semble s’éloigner. Et avec lui, les chances d’un succès pour la COP30 qui doit se tenir l’an prochain à Belem au Brésil.
Pourtant, cette nouvelle conférence sera cruciale pour espérer tenir l’objectif de l’accord de Paris d’un réchauffement limité à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Un cap déjà très compromis selon les experts, qui jugent indispensable une sortie rapide et massive des énergies fossiles. D’où l’importance de “maintenir la pression” dès maintenant, martèle la ministre française.
Sortie des fossiles : un défi colossal
Il faut dire que l’humanité fait face à un défi colossal. Malgré la prise de conscience croissante de l’urgence climatique, la consommation mondiale de charbon, de pétrole et de gaz ne cesse d’augmenter. Des énergies qui restent de loin les premières sources d’émissions de gaz à effet de serre réchauffant la planète.
Pour espérer limiter le réchauffement, il faudrait donc réussir une transformation complète de nos systèmes énergétiques en quelques décennies à peine. Un chantier titanesque qui suppose des investissements massifs et une coopération internationale sans précédent. Autant de raisons pour la France et ses alliés de continuer à pousser le sujet, en dépit des vents contraires.
L’avenir du climat en jeu
Car derrière ces négociations techniques et ces jeux diplomatiques, c’est bien l’avenir du climat et de l’humanité qui se joue. Chaque fraction de degré compte pour limiter les impacts dévastateurs du réchauffement, des méga-feux aux inondations en passant par la montée des mers. Un combat de tous les instants dont dépend notre capacité à léguer une planète vivable aux générations futures.
D’où cet appel de la France à “maintenir la pression“, porté par Agnès Pannier-Runacher malgré son absence de Bakou. Un message qui résonne comme un avertissement. Face à l’urgence climatique, la communauté internationale n’a plus le droit de reculer sur ses engagements. Au risque de condamner les efforts déjà entrepris et de compromettre un peu plus notre avenir commun.