Alors que Nantes affiche fièrement ses ambitions de végétaliser la ville, un vent de fronde souffle chez les jardiniers municipaux. Jeudi 23 mai, entre 80 et 100 agents des espaces verts se sont rassemblés devant l’hôtel de ville à l’appel de la CGT, déterminés à faire entendre leurs revendications. Un mouvement social inédit qui pourrait bien compromettre les projets verts de la municipalité.
Nantes, laboratoire de la nature en ville
Depuis plusieurs années, la capitale des Ducs de Bretagne multiplie les initiatives pour réintroduire la nature au cœur de l’espace urbain. Végétalisation des cours d’école, création de nouveaux parcs, “débitumisation” des places… Les chantiers fleurissent aux quatre coins de la cité. Une politique volontariste portée par la maire PS Johanna Rolland, en alliance avec Europe Écologie Les Verts.
Mais cette “bifurcation écologique” se heurte aujourd’hui à un obstacle de taille : le mécontentement des jardiniers municipaux, en première ligne pour mettre en œuvre cette révolution verte. “Nous sommes très satisfaits des nouveaux espaces verts, c’est super mais il faut du monde !”, tonne Raynald Guibert, représentant CGT des agents.
Des jardiniers au bord de la rupture
Effectifs insuffisants, polyvalence à outrance, locaux vétustes… Les doléances s’accumulent chez les agents des espaces verts. Ils réclament des embauches, une revalorisation salariale, de meilleures conditions de travail. Des revendications légitimes selon Raynald Guibert :
On n’est plus que de simples jardiniers. On est aussi bergers, vachers, maraîchers… Ça nous retombe dessus. La collectivité applaudit nos capacités d’adaptation, comme les soignants pendant le Covid !
Raynald Guibert, représentant CGT des jardiniers
Face à cette grogne, la mairie affirme avoir répondu favorablement à la plupart des demandes. Elle met en avant les 50 créations de postes programmées pour la direction Nature et Jardins sur le mandat. “C’est un grand nombre, peu de directions ont une création aussi importante”, souligne Aïcha Bassal, adjointe en charge du personnel.
Bras de fer en vue
Mais ces concessions ne suffisent pas à apaiser les jardiniers, qui maintiennent la pression. De son côté, la CGT promet d’autres actions si le dialogue reste au point mort. Un bras de fer s’engage, avec en toile de fond l’avenir des projets de végétalisation.
Car les enjeux dépassent le simple rendement des agents. C’est tout le pari d’une ville-nature qui vacille. Comment reverdir durablement Nantes sans des jardiniers en nombre et motivés ? L’écologiste Delphine Bonamy, en charge des dossiers nature en ville, devra jouer finement pour réconcilier les ambitions municipales et le mal-être des personnels.
Les prochaines semaines s’annoncent décisives, entre négociations sociales et gestion des espaces verts. Si le conflit s’enlise, les 100 hectares de nature promis aux Nantais d’ici 2026 pourraient se transformer en jungle impénétrable. La métropole de l’Ouest, si fière de ses credentials verts, n’a pas fini d’en découdre avec ses jardiniers rebelles.