Dans les rues de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, une scène de violence urbaine a éclaté ce mardi 19 décembre. Selon une source policière, 28 membres présumés de gangs ont été tués lors d’une confrontation musclée avec les forces de l’ordre et des habitants excédés par la terreur imposée par les bandes armées. Un bilan lourd qui en dit long sur le chaos qui règne en Haïti, pays le plus pauvre des Caraïbes en proie à une insécurité galopante.
Une offensive sanglante des gangs
Tout a commencé dans la nuit lorsque la police a intercepté un camion et un minibus transportant des membres de gangs qui se dirigeaient vers plusieurs quartiers de Port-au-Prince. Selon le porte-parole adjoint de la Police nationale d’Haïti (PNH), Lionel Lazarre, les forces de l’ordre ont ouvert le feu, tuant 10 des occupants sur place. Les survivants ont alors pris la fuite, poursuivis par la police mais aussi par des habitants bien décidés à en découdre avec ces criminels qui terrorisent la population depuis des mois.
Des habitants excédés se font justice
Dans ces quartiers pauvres de la capitale, des groupes d’autodéfense se sont constitués ces derniers mois face à l’impuissance des autorités. Armés sommairement, ils n’ont pas hésité à traquer les fuyards, en abattant 18 supplémentaires selon le bilan officiel. Des scènes de lynchage ont été rapportées par des témoins, illustrant la colère d’une population à bout, prête à se faire justice elle-même au péril de sa vie.
On n’en peut plus de vivre dans la peur. Si l’État ne fait rien, on se défendra nous-mêmes contre ces bandits !
– Un habitant du quartier de Martissant
Haïti, un pays au bord du gouffre
Depuis plusieurs années, Haïti s’enfonce dans une crise multidimensionnelle. Pauvreté, instabilité politique, catastrophes naturelles… Tous les maux semblent s’acharner sur ce petit pays des Grandes Antilles. Mais la violence des gangs, qui a pris une ampleur sans précédent, est en train de faire basculer la société haïtienne dans un chaos ingérable.
Viols, enlèvements, meurtres, extorsions… Les bandes armées font régner la terreur en toute impunité dans de nombreux quartiers de Port-au-Prince et des principales villes du pays. Malgré les opérations coup de poing et les appels à l’aide internationale, la police haïtienne semble totalement dépassée face à des gangs mieux équipés et sans foi ni loi.
L’avenir incertain d’une jeunesse sacrifiée
Plus inquiétant encore, ces groupes criminels recrutent massivement parmi les enfants et adolescents des bidonvilles. Selon l’UNICEF, 30% des membres de gangs seraient mineurs en Haïti. Attirés par l’argent facile et le pouvoir que confère une arme, ces jeunes en perdition grossissent les rangs de “soldats” qui n’ont plus rien à perdre.
À la maison, il n’y avait rien à manger. Au moins dans le gang, j’ai de quoi survivre.
– Marc, 14 ans, ancien membre d’un gang
Face à cette situation dramatique, la communauté internationale semble enfin prendre la mesure du problème. L’ONU envisage l’envoi d’une force multinationale en appui des forces de sécurité haïtiennes. Mais le chemin sera long pour sortir le pays de l’ornière et offrir un avenir à sa jeunesse sacrifiée.
En attendant, les Haïtiens continuent de fuir par milliers un pays à la dérive. Plus de 20 000 personnes ont été déplacées en seulement quatre jours à Port-au-Prince selon l’OIM. Un exode symptomatique de l’ampleur de la crise humanitaire qui frappe Haïti et appelle à une réaction urgente et concertée de la communauté internationale avant qu’il ne soit trop tard.