Alors que le Royaume-Uni se prépare à des élections générales cruciales le 4 juillet prochain, un enjeu inattendu vient bousculer les pronostics : la guerre à Gaza. Ce conflit lointain s’invite dans la campagne électorale britannique et influence les intentions de vote, en particulier au sein de la communauté musulmane qui représente environ 6% de la population. Un vrai casse-tête pour les partis politiques.
Le dilemme des travaillistes
Le Parti travailliste de Keir Starmer, grand favori des sondages, voit son avance s’effriter. En cause : une baisse de popularité auprès de l’électorat musulman traditionnellement acquis aux travaillistes. Selon une étude, le soutien au Labour dans les zones à forte population musulmane a chuté de près de 18% par rapport à l’an dernier, suite au positionnement jugé trop “pro-israélien” du parti sur le conflit.
Les électeurs musulmans britanniques accordent une grande importance à la question palestinienne. Beaucoup estiment que les travaillistes n’en font pas assez pour condamner les actions d’Israël à Gaza.
– Analyse un politologue
Face à cette fronde, Keir Starmer tente de rattraper le coup en multipliant les gages envers la communauté musulmane. Mais la tâche s’annonce ardue tant le conflit est clivant et passionnel.
L’embarras des conservateurs
Du côté des conservateurs au pouvoir, on se garde bien de trop commenter les événements de Gaza. Le Premier ministre Rishi Sunak a bien du mal à se positionner sur ce dossier brûlant, tiraillé entre son alliance historique avec Israël et la nécessité de ne pas s’aliéner davantage un électorat musulman déjà très remonté contre son parti depuis le Brexit.
- Les Tories sont pris entre deux feux sur la question israélo-palestinienne
- Leur soutien traditionnel à Israël est de plus en plus critiqué
- Mais condamner Israël reviendrait à se mettre à dos une partie de leur base
Résultat, les conservateurs avancent sur des œufs et prient pour que le sujet Gaza ne devienne pas central dans la campagne. Peine perdue, tant le conflit fait la Une des médias et enflamme les réseaux sociaux.
Une campagne chamboulée
À un mois du scrutin, la guerre à Gaza redistribue donc les cartes électorales au Royaume-Uni. Si les sondages donnent toujours les travaillistes largement en tête, leur avance fond comme neige au soleil. De quoi relancer le suspense et obliger les partis à revoir leur stratégie.
Car au-delà des musulmans, c’est tout l’électorat britannique qui est sensible à ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée. La question palestinienne, souvent reléguée au second plan, s’impose comme un enjeu central de la campagne, au même titre que l’économie ou la santé. Un vrai défi pour des politiques plus habitués à éluder le sujet.
Les Britanniques attendent de leurs dirigeants qu’ils prennent position clairement sur le conflit israélo-palestinien. Mais travaillistes comme conservateurs peinent à trouver le bon équilibre entre leurs convictions et leurs intérêts électoraux.
– Résume un éditorialiste
Quoi qu’il en soit, cette intrusion inattendue de Gaza dans le débat électoral britannique promet une fin de campagne animée. Et démontre une fois de plus à quel point ce conflit apparemment si lointain reste un sujet éminemment sensible et clivant, y compris au cœur de Londres. Aucun politique ne peut l’ignorer.