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Heurts en Géorgie : La Présidente Demande l’Annulation des Législatives

La Géorgie plonge dans une crise politique majeure. Suite aux législatives controversées, la présidente demande l'annulation du scrutin. Les manifestants s'opposent violemment aux forces de l'ordre dans les rues de la capitale Tbilissi.

La Géorgie traverse actuellement une période de turbulences politiques suite aux élections législatives controversées du 26 octobre dernier. Alors que le parti au pouvoir, le Rêve Géorgien, a été déclaré vainqueur du scrutin, l’opposition crie à la fraude massive et refuse de siéger au nouveau parlement. Dans les rues de la capitale Tbilissi, les manifestations se multiplient et les heurts avec les forces de l’ordre sont de plus en plus violents.

Une présidente qui s’oppose au gouvernement

Au cœur de cette crise, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili joue un rôle crucial. Bien qu’élue avec le soutien du Rêve Géorgien en 2018, elle est devenue au fil du temps une opposante farouche à ce parti qu’elle accuse de dérive autoritaire et de vouloir éloigner la Géorgie de ses aspirations euro-atlantiques. Face à la contestation des résultats électoraux, Mme Zourabichvili a pris une décision forte : elle a saisi la Cour Constitutionnelle pour demander purement et simplement l’annulation du scrutin du 26 octobre.

Le nouveau parlement ne peut se réunir tant que la Cour constitutionnelle n’a pas rendu sa décision

Vakhushti Menabde, expert en droit constitutionnel

Selon les proches de la présidente, cette dernière a déposé un recours argumentant que les élections ont été entachées de “violations généralisées du caractère universel du vote et du secret du scrutin”. Elle dénonce un “système sophistiqué de fraudes suivant une méthodologie russe”, sans toutefois apporter de preuves tangibles à ce stade. La Cour constitutionnelle a désormais un mois pour se prononcer sur la validité du scrutin.

L’opposition dans la rue, la police disperse les manifestants

Pendant ce temps, la contestation se poursuit dans les rues de Tbilissi. Chaque jour, des milliers de Géorgiens se rassemblent pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un scrutin truqué et réclamer de nouvelles élections. L’opposition, unie derrière des partis pro-occidentaux, a annoncé son intention de boycotter le nouveau parlement. Elle compte organiser une grande manifestation lundi, jour prévu de la première session parlementaire.

Face à la détermination des protestataires, les autorités ont choisi la manière forte. Mardi matin, la police anti-émeute a brutalement dispersé un campement installé près de l’université et des manifestants qui bloquaient une artère principale de la capitale. Plusieurs leaders de l’opposition ont été frappés et arrêtés. Malgré cette répression, le mouvement ne faiblit pas. Le risque d’une escalade des violences est réel dans ce pays du Caucase.

Impasse institutionnelle et tensions géopolitiques

Au-delà des violences, c’est une véritable impasse institutionnelle qui se profile. Le parti au pouvoir campe sur ses positions et rejette les accusations de fraude. Il entend bien réunir le nouveau parlement lundi, avec ou sans la signature de la présidente, pourtant requise constitutionnellement. L’opposition quant à elle refuse de participer à ce qu’elle considère comme une mascarade démocratique.

Cette crise n’est pas sans implications géopolitiques. Depuis son indépendance en 1991, la Géorgie est tiraillée entre ses aspirations euro-atlantiques et l’influence de la Russie voisine. L’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne sont des objectifs inscrits dans la constitution géorgienne. Mais une partie de la classe politique, incarnée par le Rêve Géorgien, est soupçonnée de vouloir renouer des liens plus étroits avec Moscou.

Dans ce contexte, les regards des chancelleries occidentales sont braqués sur Tbilissi. L’Union européenne a réclamé une enquête approfondie sur les allégations de fraude électorale. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir de ce petit pays coincé entre ambitions démocratiques et tensions avec le grand voisin russe. La décision de la Cour constitutionnelle sur la validité du scrutin pourrait bien être le détonateur d’une nouvelle phase de turbulences politiques en Géorgie.

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