La communauté internationale se mobilise pour demander la libération de Jimmy Lai, magnat des médias et figure de proue du mouvement prodémocratie à Hong Kong. À la veille de son procès pour atteinte à la sécurité nationale, jugé “entaché d’injustice” par ses soutiens, 105 parlementaires issus de 22 pays ont adressé une lettre commune pour réclamer sa remise en liberté. Cette initiative, coordonnée par la députée conservatrice britannique Alicia Kearns, rassemble des élus du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie, de l’Ukraine ainsi que du Parlement européen.
Un procès entaché d’irrégularités et une santé qui se dégrade
Dans leur déclaration, les parlementaires dénoncent les conditions inéquitables dans lesquelles se déroule le procès de Jimmy Lai. Âgé de 76 ans et de nationalité britannique, le magnat des médias hongkongais “comparaît devant des juges spécialement choisis, des preuves apparemment obtenues sous la torture sont utilisées contre lui et les procédures ont été longuement retardées”, souligne la lettre signée par 30 Lords et députés britanniques, dont l’ancien ministre des Finances Jeremy Hunt.
Au-delà des irrégularités qui entachent la procédure judiciaire, c’est aussi l’état de santé de Jimmy Lai qui préoccupe la communauté internationale. Alors qu’il est incarcéré depuis près de quatre années et qu’il a déjà subi cinq procès, sa condition physique se serait considérablement dégradée en détention. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a lui-même fait part de son inquiétude lors d’une rencontre bilatérale avec le président chinois Xi Jinping en marge du G20 à Rio de Janeiro.
Un procès emblématique de la répression à Hong Kong
Le sort de Jimmy Lai cristallise les critiques occidentales à l’égard du durcissement du régime chinois à Hong Kong. Depuis l’imposition par Pékin d’une loi sur la sécurité nationale en 2020, les autorités multiplient les procès à l’encontre des figures du mouvement prodémocratie. Mardi, la justice hongkongaise a ainsi condamné 45 militants à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour “subversion”, à l’issue du plus grand procès en lien avec cette loi controversée.
Fondateur du quotidien Apple Daily, fermé par les autorités en 2021, Jimmy Lai est poursuivi pour avoir publié des articles soutenant les manifestations prodémocratie et critiquant les dirigeants chinois. Bien qu’il ait plaidé non coupable, il encourt une lourde peine dans ce procès ouvert en janvier pour sédition et collusion avec des puissances étrangères.
Nous avons le devoir de nous battre pour Jimmy Lai, un citoyen britannique, et de prendre position contre l’érosion de l’État de droit à Hong Kong.
– Alicia Kearns, députée conservatrice britannique
La pression internationale comme seul recours
Face à la dégradation des libertés à Hong Kong, la communauté internationale semble avoir bien peu de leviers pour infléchir le cours des événements. La mobilisation de ces 105 parlementaires vise toutefois à maintenir la pression sur les autorités chinoises, en attirant l’attention sur le cas emblématique de Jimmy Lai.
Au-delà de son engagement personnel, c’est tout le mouvement prodémocratie hongkongais qui est visé par la répression. Comme le souligne la lettre des parlementaires, “les pays occidentaux ainsi que des groupes de défense des droits humains ont condamné ces deux procès qu’ils voient comme une preuve de l’autoritarisme croissant à Hong Kong”.
Alors que Jimmy Lai doit témoigner mercredi lors de son procès, rompant ainsi un silence de plusieurs années, ses soutiens internationaux espèrent que leur appel sera entendu et que le magnat des médias pourra recouvrer la liberté. Au-delà de son cas personnel, c’est l’avenir même de l’État de droit et de la liberté d’expression dans l’ex-colonie britannique qui est en jeu.
