Le brouillard entoure actuellement la situation d’un des principaux chefs de la rébellion birmane, dont la présence en Chine soulève de nombreuses questions. Selon Pékin, Peng Deren, à la tête de l’Armée de l’Alliance nationale démocratique de Birmanie (MNDAA), l’un des groupes rebelles les plus puissants du pays, se serait rendu de lui-même en Chine pour y recevoir des “soins médicaux”. Une version qui contredit celle relayée par certains médias birmans, affirmant que le leader rebelle aurait en réalité été arrêté par les autorités chinoises.
La Chine, un allié ambigu de la junte birmane
Si la Chine est officiellement un soutien de poids et un fournisseur d’armes pour la junte militaire au pouvoir en Birmanie, elle est soupçonnée en coulisses de maintenir des liens avec les différents groupes ethniques armés qui contrôlent une partie des territoires frontaliers. Un jeu d’équilibriste pour Pékin, qui cherche à préserver ses intérêts dans la région.
Le MNDAA, fer de lance de la rébellion
Le MNDAA de Peng Deren fait partie des nombreux groupes rebelles birmans qui luttent depuis des décennies contre l’armée centrale pour obtenir plus d’autonomie et le contrôle de ressources lucratives comme le jade, le bois ou l’opium. En janvier 2023, le MNDAA a repris la ville stratégique de Laukkai, près de la frontière chinoise, après la reddition de plus de 2000 soldats de la junte. Une cinglante défaite pour l’armée birmane.
Lashio, symbole des victoires rebelles
En août dernier, les rebelles ont remporté une autre victoire d’ampleur en s’emparant de la ville de Lashio, le plus grand centre urbain à tomber entre leurs mains depuis 1962. Un revers qui inquiète la Chine, redoutant un effondrement de la junte birmane et l’influence occidentale sur certains groupes rebelles pro-démocratie.
Pékin serre la vis, la junte tend la main
En réaction, la Chine a coupé l’électricité, l’eau et internet dans les zones contrôlées par le MNDAA près de sa frontière. De son côté, le chef de la junte Min Aung Hlaing, qui a rencontré début novembre le Premier ministre chinois, s’est dit prêt à négocier avec les groupes rebelles. L’avenir dira si cette main tendue suffira à apaiser les tensions.
La prise de Lashio inquiète la Chine, qui redoute un effondrement de la junte et se méfie de l’influence occidentale sur certains groupes rebelles armés pro-démocratie.
D’après des analystes
L’épisode Peng Deren illustre toute la complexité et l’ambiguïté de la situation en Birmanie, avec des jeux d’alliances mouvants entre junte militaire, groupes rebelles et puissance chinoise. Si le chef du MNDAA est bien en Chine pour se faire soigner comme l’affirme Pékin, cela témoigne du lien particulier qu’entretient le pays avec certains groupes armés birmans, malgré son soutien officiel aux généraux au pouvoir. Une position de funambule pour la Chine, qui espère maintenir son influence et ses intérêts dans la région, tout en évitant une déstabilisation totale de la Birmanie.
Une situation toujours explosive
Mais dans le même temps, les récentes victoires des rebelles, notamment à Lashio, montrent que la junte est plus que jamais sous pression. Malgré la main tendue de Min Aung Hlaing, le chemin vers la paix et la réconciliation en Birmanie s’annonce encore long et semé d’embûches. La communauté internationale retient son souffle, consciente que l’évolution de la situation dans ce pays pourrait avoir de lourdes conséquences pour toute la région.
Une chose est sûre : entre jeux de pouvoir, alliances secrètes et intérêts géostratégiques, le sort de la Birmanie et de ses habitants reste plus que jamais en suspens. Le cas Peng Deren n’est qu’un élément de plus dans cet écheveau complexe, dont il faudra surveiller attentivement le déroulé dans les mois à venir. Car au-delà des soubresauts politiques et militaires, c’est tout l’équilibre d’une région qui pourrait en être bouleversé.
