Au sommet du G20 à Rio de Janeiro, le président français Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots. Devant les dirigeants des plus grandes puissances mondiales, il a fustigé une gouvernance internationale “qui ne fonctionne pas”, incapable selon lui de prévenir ou régler les conflits majeurs comme ceux en Ukraine ou au Proche-Orient. Un constat sans appel de la part du chef d’État, qui se présente comme un “vétéran” de ces grands rendez-vous diplomatiques.
Pour Macron, le système actuel souffre de plusieurs maux. D’abord, une “représentation insuffisante” des pays émergents dans les instances de décision. Ensuite, des communiqués finaux que “peu de gens lisent”, malgré l’intense travail des conseillers en coulisses pour trouver un consensus. “Un citoyen normalement constitué ne peut pas penser qu’on a formidablement fait fonctionner la gouvernance mondiale”, ironise-t-il.
Face à ce constat, le président français met en garde contre le risque de se retrouver “dans un an, avec les mêmes, à dire ‘on va le faire'”. Pour sortir de cette ornière, il propose au Brésil et à l’Afrique du Sud, futurs hôtes des prochains G20, de mettre sur pied “un groupe de travail de haut niveau”. Objectif : plancher sur quelques “chantiers” de réforme et soumettre une feuille de route “Rio-Johannesburg” d’ici un an.
Une Charte des Nations Unies bafouée
Autre point noir soulevé par Emmanuel Macron : le non-respect par “plusieurs” pays de la Charte des Nations Unies. Un texte fondateur dont tous les membres du G20 sont pourtant signataires. Une critique à peine voilée visant la Russie et la guerre qu’elle mène en Ukraine depuis 2022.
Sur ce dossier brûlant, le président français avait estimé la veille que le “contexte” ne se prêtait pas à un nouvel échange direct avec Vladimir Poutine. Il s’est contenté d’une brève poignée de main avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors de la photo de famille du sommet. Pas de véritable dialogue, donc, malgré les enjeux.
Vers une refonte en profondeur ?
Les propositions d’Emmanuel Macron seront-elles entendues ? Rien n’est moins sûr, tant les intérêts divergent entre grandes puissances. Mais le diagnostic est posé, et le président français semble déterminé à pousser ces réformes. Avec en ligne de mire le prochain G20 de Johannesburg, dans un an, qui pourrait être le théâtre de premières avancées.
Car pour Macron, l’heure n’est plus aux déclarations d’intention. Face aux crises qui s’enchaînent, le système multilatéral doit se réinventer en profondeur. Faute de quoi il court le risque de l’impuissance et de la décrédibilisation. Un enjeu majeur pour la stabilité et la paix dans le monde.
Les défis d’une réforme ambitieuse
Reste à savoir quelle forme pourrait prendre cette refonte. Faut-il revoir la composition du Conseil de sécurité de l’ONU, comme le réclament de nombreux pays du Sud ? Renforcer le rôle et les moyens d’agences onusiennes comme le HCR ou l’OMS ? Repenser la gouvernance économique mondiale, de l’OMC au FMI ?
Autant de questions complexes qui nécessiteront un vrai portage politique au plus haut niveau. Emmanuel Macron semble prêt à prendre le leadership sur ce dossier. Mais il faudra convaincre les réticents, vaincre les inerties, et accepter une dose de changement dans la répartition du pouvoir mondial. Un sacré défi, à l’heure où les égoïsmes nationaux n’ont jamais semblé aussi forts.
“Nous n’avons pas démontré ces dernières années notre capacité à prévenir les conflits ou à les régler.”
Emmanuel Macron, Président de la République Française
Un constat lucide et un appel à l’action qu’il faudra suivre de près dans les mois à venir. Car c’est bien l’avenir de la coopération internationale qui se joue dans cette bataille pour une gouvernance mondiale plus efficace et plus représentative. Un combat de longue haleine, mais indispensable pour relever les immenses défis de notre temps.
