Un vent de contestation souffle sur le Mozambique. Le parti d’opposition Renamo exige l’annulation pure et simple des élections législatives et présidentielle du 9 octobre dernier. En cause : des résultats donnant une large victoire au parti au pouvoir Frelimo, que l’opposition dénonce comme frauduleux. Depuis l’annonce des résultats le 24 octobre, le pays est secoué par une vague de manifestations post-électorales qui ont viré au drame.
L’opposition demande l’annulation du scrutin
Ossufo Momade, dirigeant du parti Renamo qui était jusqu’alors la principale force d’opposition, a appelé lundi à « l’annulation immédiate » des élections. Selon lui, seule la mise en place d’un gouvernement intérimaire et l’organisation de nouvelles élections « libres, justes et transparentes » pourront ramener le calme. Des propos qui font écho à ceux de Venancio Mondlane, leader du nouveau parti d’opposition Podemos arrivé deuxième.
Des irrégularités massives dénoncées
Pour l’opposition, le processus électoral a été entaché de graves irrégularités « en faveur d’un parti particulier » : bourrage d’urnes, falsification de procès-verbaux, détention de représentants de l’opposition lors du dépouillement… Des anomalies également relevées par la mission d’observation de l’Union européenne, avant, pendant et après le vote. L’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP) estime même qu’il s’agit des élections « les plus frauduleuses depuis 1999 ».
Des manifestations dans un climat de violence
Dès l’annonce des résultats donnant près de 71% des voix au parti Frelimo au pouvoir depuis près de 50 ans, contre 20% au Podemos de Venancio Mondlane, un vaste mouvement de contestation s’est propagé dans tout le pays. Des manifestations émaillées de heurts avec la police, qui ont fait selon un bilan provisoire au moins 30 morts et de nombreux blessés. Mais des ONG locales craignent que le bilan réel soit bien plus lourd.
L’opposant Mondlane dans le viseur de la justice
Venancio Mondlane, qui a lancé l’appel à manifester, se retrouve dans le collimateur des autorités. Le ministère public a engagé des poursuites au civil contre lui et son parti, leur réclamant près d’un demi-million d’euros de dommages pour les dégâts causés. Il fait aussi l’objet d’enquêtes pénales, notamment pour incitation à la désobéissance et complot contre l’État. Son parti conteste en bloc ces accusations.
Vers une crise politique majeure ?
Si la plus haute instance électorale confirme la victoire controversée du candidat du Frelimo Daniel Chapo, son investiture prévue en janvier risque de se dérouler dans un climat explosif. L’opposition compte bien poursuivre la lutte et appelle la communauté internationale à la rescousse pour faire la lumière sur ce qu’elle qualifie de « hold-up électoral ». Le Mozambique s’enfonce dans une crise politique majeure, sur fond de violences et d’accusations de fraude massives. Une situation préoccupante dans un pays qui peine toujours à tourner la page d’une longue guerre civile.