Alors que le conflit en Ukraine fait rage depuis bientôt mille jours, la question de l’armement fourni par les alliés occidentaux à Kiev est plus que jamais au cœur des débats. Dernière interrogation en date : le Royaume-Uni va-t-il autoriser l’Ukraine à utiliser ses redoutables missiles longue portée Storm Shadow pour frapper le territoire russe ? Questionné à ce sujet lors du sommet du G20 au Brésil, le Premier ministre britannique Keir Starmer est resté évasif, refusant de dévoiler les détails opérationnels.
Face à l’insistance des journalistes, le dirigeant travailliste a expliqué ne pas vouloir entrer dans les détails, estimant que “le seul gagnant serait Vladimir Poutine”. Une position pour le moins ambiguë, alors que les États-Unis ont de leur côté donné leur feu vert à Kiev pour utiliser leurs propres missiles longue portée contre la Russie. Le ministre britannique de la Défense John Healey, interrogé devant le Parlement, a lui aussi botté en touche, invoquant des questions de “sécurité opérationnelle”.
Un soutien britannique indéfectible à l’Ukraine
Malgré ces atermoiements, Keir Starmer a tenu à rappeler le soutien indéfectible du Royaume-Uni à l’Ukraine. “Nous devons redoubler d’efforts et nous assurer que l’Ukraine a ce dont elle a besoin aussi longtemps que nécessaire, car nous ne pouvons pas permettre à Poutine de gagner cette guerre”, a-t-il martelé. Le dirigeant britannique a également exclu tout dialogue avec Moscou, quelques jours après la controversée conversation téléphonique entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine.
Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, Londres figure parmi les principaux soutiens de Kiev, fournissant des milliards d’euros d’aide militaire, ainsi que des armes et des formations pour les troupes ukrainiennes. L’an dernier, le Royaume-Uni et la France ont notamment livré à l’Ukraine des missiles Storm Shadow/Scalp, d’une portée de plus de 250 kilomètres. Mais jusqu’à présent, leur utilisation était limitée au territoire ukrainien.
Washington met la pression, Moscou dénonce
La position britannique est d’autant plus scrutée que les États-Unis ont décidé de franchir un cap en autorisant l’Ukraine à utiliser leurs missiles longue portée pour frapper en Russie. Dès la première séance plénière du G20, le président américain Joe Biden a appelé ses homologues à soutenir la “souveraineté” de l’Ukraine, mettant ainsi la pression sur les alliés encore réticents. Une décision aussitôt dénoncée par le Kremlin, qui accuse Washington de “jeter de l’huile sur le feu” et de “provoquer une nouvelle montée des tensions”.
Le Royaume-Uni sous pression
Dans ce contexte, la position du Royaume-Uni apparaît de plus en plus intenable. D’un côté, Londres ne peut ignorer les appels pressants de Kiev, qui réclame des armes toujours plus puissantes pour repousser l’envahisseur russe. De l’autre, autoriser des frappes en territoire russe constituerait une escalade majeure, avec le risque d’une réaction violente de Moscou. Un dilemme cornélien pour Keir Starmer, qui cherche à ménager la chèvre et le chou en restant délibérément dans le flou.
Mais ce statu quo est-il encore tenable ? Avec près de mille jours de guerre, et aucune perspective de résolution du conflit à court terme, la pression monte sur Londres pour clarifier sa position. Le Premier ministre britannique pourra-t-il encore longtemps rester assis entre deux chaises ? Ou devra-t-il, bon gré mal gré, trancher ce nœud gordien ? Une chose est sûre : de la réponse de Keir Starmer dépendra en grande partie l’évolution du rapport de force sur le champ de bataille ukrainien dans les prochains mois. Le suspense reste entier.