Dans un contexte de bouleversements majeurs pour l’industrie automobile, le sort de l’usine Stellantis de Rennes, située à La Janais, cristallise les inquiétudes. Spécialisé dans la production de SUV, ce fleuron industriel breton mise aujourd’hui son avenir sur un unique modèle : le successeur de la Citroën C5 Aircross, baptisé en interne CR3. Un pari audacieux qui soulève des questions sur la pérennité du site et, plus largement, sur l’avenir de la filière automobile française.
Un site suspendu au succès d’un seul véhicule
Depuis plusieurs années, l’usine Stellantis de La Janais a vu sa production se réduire comme peau de chagrin. Avec la fin de la C5 Aircross, dont l’assemblage sera transféré en Chine, le site breton ne produira plus qu’un seul modèle : le mystérieux CR3. Un choix stratégique risqué, qui place les 2 000 salariés du site dans une position de grande vulnérabilité.
Pour tenter de sécuriser l’avenir, la direction mise sur l’internalisation de certaines activités, comme la production de pièces en plastique. Une manière de renforcer la compétitivité du site, mais aussi de donner du travail à une partie des effectifs. Toutefois, ces mesures ne suffiront pas si le CR3 ne rencontre pas le succès escompté sur un marché automobile en pleine mutation.
Des investissements pour rester dans la course
Face à l’ampleur des défis, Stellantis a annoncé un plan d’investissement de 100 millions d’euros pour moderniser l’usine de La Janais. L’objectif : adapter l’outil industriel aux nouvelles exigences du marché, marqué par l’essor des motorisations électriques et hybrides. De nouvelles lignes de montage seront installées, tandis que les équipes seront formées aux technologies de pointe.
Nous devons impérativement monter en gamme et en qualité pour rester dans la course. C’est une question de survie.
Un responsable syndical de l’usine
Malgré ces efforts, l’incertitude plane sur l’avenir du site. Car au-delà des investissements, c’est tout le modèle économique de l’industrie automobile qui est remis en question. Avec la transition énergétique et la concurrence mondiale exacerbée, les constructeurs sont contraints de revoir en profondeur leurs stratégies et leurs implantations.
Un symbole des mutations de l’industrie automobile
Le cas de l’usine Stellantis de Rennes est loin d’être isolé. Partout en France et en Europe, les sites de production sont confrontés aux mêmes enjeux : s’adapter ou disparaître. Dans ce contexte, la tentation des délocalisations est grande, comme en témoigne le transfert de la production de la C5 Aircross en Chine.
On assiste à une redistribution mondiale des cartes de l’industrie automobile. Les pays émergents montent en puissance, tandis que les pays historiques peinent à rester compétitifs.
Un expert du secteur automobile
Pour inverser la tendance, certains plaident pour une relocalisation de la production automobile en Europe. Une stratégie qui permettrait de sécuriser les emplois et les savoir-faire, tout en réduisant l’empreinte environnementale du secteur. Mais cette relocalisation a un coût, que les constructeurs ne sont pas toujours prêts à assumer dans un contexte de concurrence effrénée.
L’innovation comme clé de survie
Pour s’en sortir, l’industrie automobile française doit miser sur l’innovation et la montée en gamme. C’est le pari que fait Stellantis à Rennes, en internalisant certaines activités à forte valeur ajoutée. Mais cela ne suffira pas. Il faudra aussi investir massivement dans la recherche et développement, pour concevoir les véhicules du futur.
- Développer des motorisations propres et performantes
- Intégrer les nouvelles technologies (connectivité, aide à la conduite, etc.)
- Repenser les processus de production pour gagner en efficacité
- Former les salariés aux métiers de demain
Tels sont quelques-uns des chantiers titanesques qui attendent l’industrie automobile française dans les années à venir. Des chantiers qui nécessiteront des investissements colossaux, mais aussi une vision stratégique claire et partagée par l’ensemble des acteurs du secteur.
Quel avenir pour l’automobile française ?
Au-delà du cas de Rennes, c’est tout l’avenir de l’industrie automobile française qui est en jeu. Avec près de 400 000 emplois directs et indirects, cette filière reste un pilier de notre économie. Mais pour combien de temps encore ?
Face aux mutations en cours, il y a urgence à agir. Cela passe par un soutien renforcé des pouvoirs publics, notamment en matière de formation et de recherche. Mais aussi par une prise de conscience collective des enjeux, et une volonté partagée de relever les défis de la transition énergétique et numérique.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : réinventer l’automobile pour répondre aux attentes des consommateurs et aux impératifs environnementaux. Un défi immense, qui engage l’avenir de toute une filière et de ses centaines de milliers de salariés. Un défi qui, s’il est relevé, pourrait faire de la France un leader mondial de l’automobile du 21ème siècle.