Un accord historique vient d’être signé entre les autorités françaises et ivoiriennes, ouvrant la voie au retour en Côte d’Ivoire d’un trésor national longtemps réclamé : le légendaire tambour parleur Djidji Ayokwe. Cet instrument, pièce maîtresse de l’art musical ivoirien, avait été confisqué par l’armée française en 1919 lors de la colonisation et était conservé depuis au musée du Quai Branly à Paris.
Selon un communiqué conjoint publié suite à une rencontre au ministère de la Culture à Paris, les ministres de la Culture des deux pays se sont engagés à enclencher le processus de retour du tambour en Côte d’Ivoire dans les prochains mois. Ce retour se fera dans un premier temps sous la forme d’un “dépôt” de longue durée.
Un moment chargé de symbolisme
Pour la ministre ivoirienne de la Culture Françoise Remarck, il s’agit d’un “moment historique” qui met fin à une attente de plus d’un siècle. Sa collègue française Rachida Dati a quant à elle souligné le caractère symbolique fort de cette restitution, notant que ces questions étaient encore taboues il y a quelques années.
Cette avancée fait suite à l’engagement pris en 2017 par le président Emmanuel Macron d’accélérer les restitutions des biens coloniaux à l’Afrique. Une promesse qui s’était déjà concrétisée fin 2021 avec le retour au Bénin de 26 œuvres du trésor royal d’Abomey spoliées par l’armée française.
Les obstacles juridiques à la restitution
Malgré ces avancées, chaque restitution de biens coloniaux nécessite encore en France l’adoption d’une loi spécifique permettant de déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques. Les dépôts de longue durée, comme celui convenu pour le tambour ivoirien, permettent de contourner temporairement cet obstacle en attendant une réforme législative.
Le président Macron s’était engagé à faire adopter une loi-cadre facilitant la sortie des biens culturels des collections françaises, mais ce texte reste pour l’instant à l’état de projet. Une proposition de loi visant spécifiquement le retour du tambour Djidji Ayokwe vient néanmoins d’être déposée au Sénat français pour permettre sa restitution “pleine et entière” à la Côte d’Ivoire.
Un instrument au cœur de la culture Ebrié
Au-delà de sa valeur historique, le tambour parleur Djidji Ayokwe revêt une importance culturelle capitale pour le peuple Ebrié de Côte d’Ivoire. Cet instrument servait en effet à prévenir des dangers, mobiliser les guerriers ou encore convoquer les villages lors de cérémonies. Son retour au pays est donc très attendu.
Le tambour parleur est le cœur battant de notre culture. Sa voix transmet la sagesse de nos ancêtres et guide notre peuple. Son retour au pays est une immense joie.
Un notable Ebrié
Cet accord franco-ivoirien marque donc une étape importante dans le long processus de restitution des biens pillés pendant la colonisation. Au-delà de sa portée symbolique, il ouvre la voie à de futures restitutions et à une nouvelle ère dans les relations culturelles entre la France et ses anciennes colonies. La route est encore longue, mais chaque trésor rendu contribue à panser les plaies du passé et à construire un avenir basé sur le respect mutuel.