Les négociations sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, qui durent depuis plus de 20 ans, sont au cœur d’une polémique relancée par les dernières déclarations du chancelier allemand Olaf Scholz. Malgré une vive opposition française, ce dernier presse pour une finalisation rapide de cet accord historique.
Un accord qui divise l’Europe
L’accord UE-Mercosur, négocié de longue date entre Bruxelles et le bloc sud-américain (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), vise à créer l’une des plus vastes zones de libre-échange au monde. Mais il suscite de profonds désaccords au sein des 27.
Si l’Allemagne et l’Espagne y sont favorables, la France s’y oppose fermement, craignant notamment les conséquences pour son agriculture. Le président Emmanuel Macron a récemment déclaré que Paris ne signerait pas le traité “en l’état”.
L’impatience d’Olaf Scholz
Mais pour le chancelier allemand, ces négociations ont déjà “duré bien trop longtemps”. Lors d’une conférence de presse en marge du G20 à Rio, il a insisté :
Après plus de vingt ans, nous devons maintenant enfin finaliser l’accord de libre-échange avec le Mercosur.
Selon Olaf Scholz, dans un monde qui change, l’Europe a “besoin de davantage d’accords de libre-échange“. Une prise de position qui ne manquera pas de raviver les tensions avec Paris.
Le Mercosur, un enjeu économique majeur
L’accord UE-Mercosur représente un marché de près de 800 millions de consommateurs. Pour ses partisans, il offrirait d’importantes opportunités économiques des deux côtés de l’Atlantique :
- Suppression de la quasi-totalité des droits de douane
- Accès facilité aux marchés pour les entreprises européennes
- Harmonisation des normes et des réglementations
Mais ses détracteurs pointent les risques pour les secteurs sensibles comme l’agriculture, ainsi que les enjeux environnementaux, notamment la déforestation en Amazonie.
Un bras de fer franco-allemand
La sortie d’Olaf Scholz vient donc relancer un vif débat européen. Selon une source proche du dossier, Paris ne compte pas céder face à la pression allemande et maintient ses “lignes rouges”.
De son côté, la Commission européenne espère toujours signer l’accord d’ici fin 2023, malgré ces dissensions. Mais sans l’aval de la première puissance agricole européenne, l’avenir du traité semble plus qu’incertain.
L’affaire UE-Mercosur illustre une nouvelle fois les profondes divergences au sein de l’UE sur les questions commerciales. Un casse-tête de plus pour Bruxelles, déjà empêtrée dans de difficiles négociations post-Brexit avec Londres.
À suivre donc, les prochains épisodes de ce feuilleton diplomatico-commercial, qui met à l’épreuve la cohésion et les ambitions internationales européennes. Le sommet UE-Mercosur prévu dans les prochains mois sera scruté de près.