En marge du sommet du G20 qui se tient actuellement à Rio de Janeiro, le Premier ministre britannique Keir Starmer a rencontré ce jeudi le président chinois Xi Jinping. L’objectif affiché : relancer les relations entre le Royaume-Uni et la Chine, mises à mal ces dernières années par une série de tensions diplomatiques. Mais cette main tendue ne s’est pas faite sans aborder les sujets qui fâchent entre les deux pays.
Des inquiétudes sur Hong Kong et le Xinjiang
Dès le début de l’entretien bilatéral, une première depuis 2018, Keir Starmer a tenu à évoquer plusieurs dossiers épineux. Notamment le sort de Jimmy Lai, figure du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, emprisonné pour atteinte à la sécurité nationale. “Nous sommes très inquiets des articles faisant état de la détérioration de la santé de Jimmy Lai en prison”, a affirmé le dirigeant britannique devant la presse.
Le Royaume-Uni dénonce depuis plusieurs années les lois sur la sécurité nationale à Hong Kong, y voyant une érosion des libertés civiles. Des critiques balayées par Pékin, qui y voit une ingérence dans ses affaires intérieures. Keir Starmer a aussi mentionné la question des droits humains au Xinjiang, où la minorité musulmane ouïghoure fait l’objet d’une sévère répression.
Des sanctions et tensions diplomatiques
Les relations entre Londres et Pékin se sont progressivement dégradées ces dernières années, sur fond d’accusations mutuelles d’espionnage et de sanctions prises par le Royaume-Uni contre des responsables chinois. Keir Starmer a rappelé l’existence de ces sanctions visant des parlementaires britanniques critiques de la Chine.
Le Premier ministre a aussi évoqué les tensions autour de Taïwan et en mer de Chine méridionale, ainsi que “les intérêts partagés à Hong Kong”. Autant de sujets de friction entre les deux puissances, sur lesquels Londres entend défendre sa position.
Un réchauffement en vue malgré les différends
Malgré ces nombreux points de discorde, Keir Starmer a affiché sa volonté de renouer des relations “sérieuses” avec la Chine, “compte tenu de la taille de son économie”. Depuis son arrivée au pouvoir en juillet, le gouvernement travailliste britannique a en effet accéléré le dégel diplomatique amorcé sous Rishi Sunak.
Une relation sino-britannique forte est importante pour nos deux pays.
Keir Starmer, Premier ministre britannique
Selon une source proche du dossier, Keir Starmer a proposé de programmer une nouvelle rencontre bilatérale avec Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang “à Pékin ou Londres”. Il a assuré que le Royaume-Uni serait un partenaire “prévisible, cohérent, souverain, engagé en faveur de l’Etat de droit”.
De son côté, le président Xi a souligné les vastes perspectives de coopération entre les deux pays, appelant à “ouvrir de nouvelles perspectives” pour leurs relations. Climat, économie, finance… Les dirigeants ont évoqué de nombreux domaines de collaboration potentielle, actant notamment la visite de la ministre britannique des Finances Rachel Reeves en Chine en 2024.
Des réticences persistent côté britannique
Ce réchauffement des relations sino-britanniques ne fait cependant pas l’unanimité outre-Manche. Nombre de responsables politiques estiment que la Chine représente avant tout une menace, sur les plans économique et sécuritaire.
Les liens militaires étroits entre Pékin et Moscou, en pleine guerre en Ukraine, passent aussi très mal à Londres, fervent soutien de Kiev. Lors d’une visite en Chine le mois dernier, le ministre des Affaires étrangères britannique avait mis en garde : cette position pourrait “porter préjudice” aux relations avec l’Europe.
Vers un équilibre délicat entre fermeté et dialogue
En définitive, la rencontre Starmer-Xi illustre toute la complexité des relations sino-britanniques à l’heure actuelle. Londres semble déterminé à renouer le dialogue avec Pékin, pour des raisons économiques évidentes. Mais sans pour autant éluder les nombreux sujets de friction politique et diplomatique.
Un exercice d’équilibriste délicat, qui vise à défendre des intérêts parfois contradictoires : sécurité et droits humains d’un côté, impératifs commerciaux de l’autre. Reste à voir si Keir Starmer parviendra, à terme, à établir cette relation “forte” et “durable” qu’il appelle de ses vœux avec la seconde puissance mondiale. Tout en restant ferme sur les valeurs et les “lignes rouges” du Royaume-Uni.