Alors que le Brésil s’apprête à lancer officiellement l’Alliance globale contre la faim lors du sommet du G20 à Rio de Janeiro, un pays manque à l’appel parmi les adhérents : l’Argentine, pourtant membre de ce club des grandes puissances économiques. Une absence qui en dit long sur la posture isolationniste du nouveau président argentin Javier Milei et ses relations tendues avec son homologue brésilien Lula.
L’Argentine, seul pays du G20 non adhérent
Sur les 81 pays de tous les continents qui ont rejoint cette alliance ambitieuse visant à éradiquer la faim dans le monde d’ici 2030, l’Argentine fait figure de grand absent. Pourtant, la pauvreté frappe désormais plus d’un Argentin sur deux, en hausse vertigineuse depuis l’élection fin 2023 de Javier Milei et sa politique d’austérité à outrance. Mais pour ce chantre de l’ultralibéralisme proche de Donald Trump, hors de question de s’engager dans une initiative multilatérale, qui plus est portée par le président brésilien de gauche Lula, qu’il a qualifié à maintes reprises de “communiste” et de “corrompu” durant la campagne.
Une source proche du gouvernement brésilien a néanmoins indiqué que des “négociations” étaient en cours pour tenter de rallier l’Argentine. Mais rien n’est moins sûr tant les relations entre les deux géants sud-américains se sont dégradées ces derniers mois. Le refus argentin de participer à ce projet phare porté par le Brésil apparaît comme un nouveau camouflet diplomatique pour Lula.
L’Alliance globale contre la faim, un projet d’envergure
Lancée à l’initiative du Brésil, qui assure actuellement la présidence tournante du G20, l’Alliance globale contre la faim se veut un outil “pratique” et “efficace” pour canaliser financements et projets vers les populations les plus vulnérables. Au total, ce ne sont pas moins de 147 membres qui ont rejoint le mouvement :
- 81 pays signataires
- L’Union européenne et l’Union africaine
- 24 organisations internationales
- 9 institutions financières
- 31 ONG
L’objectif affiché est ambitieux : toucher un demi-million de personnes d’ici 2030 en mutualisant les efforts, les connaissances et les initiatives locales qui fonctionnent. La Banque interaméricaine de développement (BID) a d’ores et déjà annoncé une enveloppe de 25 milliards de dollars pour financer des programmes de lutte contre la faim et la pauvreté entre 2025 et 2030.
Ce n’est pas juste un autre forum de discussion, c’est un mécanisme pratique pour canaliser les connaissances et les financements d’une façon efficace pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin.
Wellington Dias, ministre brésilien du Développement social
L’inquiétante dérive de l’Argentine
Dans ce contexte, le refus argentin de s’associer à cette initiative apparaît d’autant plus préoccupant et isolant. Alors que la moitié de la population sombre dans la pauvreté, en hausse de 11 points en seulement six mois, le président Javier Milei persiste dans une politique ultralibérale d’austérité brutale, loin de toute considération sociale.
Elu sur un programme de réduction drastique des dépenses publiques, de dérégulation tous azimuts et de repli nationaliste, cet ancien économiste libertarien assume un discours de rupture, fustigeant le “populisme” de ses prédécesseurs et la “corruption” des élites. Une rhétorique qui fait écho à celle de son allié Donald Trump, avec lequel il revendique sa proximité.
Mais cette fuite en avant ultralibérale, doublée d’une posture va-t-en-guerre sur la scène internationale, fait craindre le pire pour les populations les plus vulnérables. En tournant ostensiblement le dos à l’Alliance globale contre la faim, l’Argentine de Javier Milei s’enfonce un peu plus dans l’isolement et prend le risque de priver ses citoyens les plus pauvres d’une aide précieuse. Un choix politique lourd de conséquences, qui en dit long sur les priorités du nouveau président argentin.