Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, les eaux du Moyen-Orient sont devenues un théâtre de tensions pour le transport maritime. Les rebelles houthis du Yémen, qui contrôlent de larges pans du pays, ont récemment envoyé des courriels menaçants aux armateurs allemands dont les navires naviguent dans cette région et desservent des ports israéliens. Une situation alarmante qui met en lumière les risques géopolitiques pesant sur le secteur.
Des menaces ciblées contre les navires allemands
Selon la fédération des armateurs allemands (VDR), les bateaux des compagnies concernées sont considérés comme des “cibles potentielles” en raison de leurs “liens supposés avec Israël”. Dans deux courriels consultés par l’AFP, les Houthis affirment sans détour que ces navires “seront pris directement pour cibles” et “feront l’objet de sanctions” s’ils ont desservi un port israélien.
Ces menaces s’étendent sur une vaste zone maritime comprenant la mer Rouge, le golfe d’Aden, la mer d’Arabie et même l’océan Indien. Face à cette situation, la VDR dénonce “des tentatives ciblées d’intimidation” et se dit en contact permanent avec ses membres et les autorités compétentes pour gérer cette crise.
Une authentification confirmée par les autorités maritimes
L’authenticité de ces courriels menaçants a été confirmée par la marine allemande ainsi que la Chambre internationale de la marine marchande. Ils ont été envoyés non seulement à des adresses génériques mais aussi directement à des personnes spécifiques au sein de la fédération et des compagnies de transport maritime allemandes.
Les Houthis, acteurs de “l’axe de la résistance” contre Israël
Les rebelles houthis font partie, aux côtés du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, de ce que l’Iran appelle “l’axe de la résistance” contre Israël. Depuis le début du conflit à Gaza en octobre 2023, ils ont mené plusieurs offensives contre des navires au large du Yémen qu’ils soupçonnent d’être liés à l’État hébreu, en utilisant des drones et des missiles.
Selon la VDR, près de 200 navires commerciaux ont été attaqués dans cette zone depuis le début de la guerre, causant la mort de plusieurs marins. Une situation qui pousse les armateurs allemands comme Hapag-Lloyd à contourner cette zone à risque par le sud de l’Afrique, rallongeant les trajets de deux semaines et engendrant des coûts élevés.
L’engagement de l’Allemagne pour sécuriser le trafic maritime
Face à ces menaces, l’Allemagne participe activement aux efforts internationaux pour sécuriser le trafic maritime dans la région. Elle est membre de la coalition maritime mise en place par les États-Unis en janvier ainsi que de la mission européenne Aspides.
De février à avril, la frégate allemande “Hessen” a escorté 27 navires marchands et repoussé quatre attaques des Houthis lors de sa mission en mer Rouge. Son navire successeur “Hambourg” devait prendre le relais en août mais est finalement resté en Méditerranée en raison de l’aggravation des tensions.
Un défi majeur pour la sécurité du transport maritime
Les menaces proférées par les rebelles houthis à l’encontre des armateurs allemands illustrent les défis sécuritaires auxquels est confronté le transport maritime dans certaines des zones les plus stratégiques et instables du globe. Au-delà de l’impact économique direct pour les compagnies, c’est toute la chaîne logistique mondiale qui se trouve perturbée par ces actions hostiles.
Cette situation souligne l’importance d’une coopération internationale renforcée pour garantir la liberté de navigation et protéger les équipages et navires civils des menaces terroristes. Elle met également en lumière la nécessité pour les acteurs du secteur de s’adapter en permanence à un environnement géopolitique volatil et de mettre en place des mesures de sécurité adéquates.
Alors que les tensions régionales ne montrent aucun signe d’apaisement, il est crucial que la communauté internationale reste mobilisée pour faire face à ce défi et assurer la résilience du transport maritime, maillon essentiel du commerce mondial. Les prochains mois seront décisifs pour évaluer l’efficacité des actions engagées et l’évolution de la menace dans cette région sous haute tension.
